samedi 10 janvier 2015

L'esquive d'Abdellatif Kechiche, 2003

L'ESQUIVE
d'Abdellatif Kechiche
France
2003
avec Osman Elkharraz, Sara Forestier, Sabrina Ouazani, Carole Franck, Meryem Serbah, Hafet Ben Ahmed
Love story urbaine
119 minutes
Synopsis :
Quartier des Francs Moisins, Saint Denis, années 2000...
Abdelkrim, dit Krimo, vit dans cette banlieue défavorisée avec sa mère, son père étant incarcéré...
Il tombe éperdument amoureux d'une jeune fille au physique ravageur prénommée Lydia, mais par sa maladresse a beaucoup de mal à concrétiser ce passage à l'acte...
Lydia prépare une prestation théâtrale de la pièce de Marivaux "Le jeu de l'amour et du hasard", pour se faire remarquer d'elle et "s'incruster", Krimo parvient à prendre le rôle d'Arlequin et ainsi à devenir le partenaire de la belle...
Magalie, l'ex copine de Krimo, va faire une esclandre auprès de Lydia et de ses amies...
Pris entre deux feux, Krimo perd rapidement ses repères et Fathi, un autre jeune, son meilleur ami, veut désamorcer et "régler" cette embrouillamini...
Il donne rendez vous à Lydia et ses deux copines pour une confrontation manu militari...
Une patrouille de police passe à ce moment là !
Mon avis :
Témoignage sincère et pas du tout décalé, "L'esquive" a le mérite d'offrir au spectateur un "parler vrai" qui fluidifie grandement l'histoire et qui sert de levier à la crédibilité de cette dernière...
Certes, parfois les dialogues sont incompréhensibles car les jeunes comédiens (tous non professionnels) "bouffent" leurs mots et dès lors le phrasé parait inaudible pour les moins aguerris des habitudes de la sémantique des banlieues, mais il se dégage une amplitude, un côté touchant qui fait qu'irrémédiablement l'accroche devient authentique, et il ne pouvait en être autrement qu'avec ce choix établi dès lors par Kechiche...
Survolté, tonique, vivace, "L'esquive" se suit comme avec ce qu'il revendique : un marivaudage moderne, une leçon de vie à l'approche réaliste et crédible...
Tous épatants, les acteurs ont un rôle bien précis et adapté au déroulement crescendo de ce métrage humainement mené par un Kechiche au firmament de son style...
La professeur de français rappellerait presque le Keating du "Cercle des poètes disparus", elle essaie de donner une impulsion à Krimo, de le faire sortir de sa "bulle" lors d'un passage d'anthologie, qui ravive toutes les espérances par le biais d'exutoires salvateurs...
Le personnage de Lydia (magnifique Sara Forestier) peut symboliser l'amour inaccessible pour un Krimo bridé et bloqué, gravitant dans un océan de préjugés et un maelström d'impuissance à s'affirmer, malgré le soutien de Fathi, qui finira par le desservir après la séquence avec les policiers...
Dans l'ensemble, "L'esquive" outre ses qualités narratives indéniables emprunte au cinéma populaire des codes qu'il détournent habilement avec un sens de la technique (comme toujours avec Kechiche, énormément de gros plans sur les visages) amplifiant les propos tenus par les protagonistes...
Love story urbaine, leçon de vie, "L'esquive" est une oeuvre majeure du cinéma français de ces dix dernières années à découvrir absolument, je ne saurais que trop vous le recommander...

Note : 10/10






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