dimanche 14 janvier 2018

La fille de Jack l'éventreur de Peter Sasdy, 1971

LA FILLE DE JACK L’EVENTREUR
de Peter Sasdy
1971
Grande-Bretagne
avec Angharad Rees, Eric Porter, Jane Merrow, Dora Bryan, Derek Godfrey
85 minutes
Thriller horrifique
Production Hammer films
aka Hands of the ripper
Musique de Christopher Gunning
Synopsis :
Grande-Bretagne, à l’époque victorienne…
Le célèbre tueur en séries Jack l’éventreur vient d’assassiner une énième victime, il est pourchassé en vue d’être lynché, il a le temps de se réfugier chez lui et tue sa femme sous les yeux d’Anna, sa propre fille alors qu’elle a à peine sept ans, cette dernière est traumatisée à vie d’avoir assisté au meurtre sanglant de sa mère…
Une dizaine d’années plus tard, Anna est prostituée par Granny Golding, une fausse médium qui établit des séances de tables tournantes truquées avec des notables de la ville ; Elle propose à Monsieur Dysart, un riche parlementaire, de déflorer la virginité d’Anna moyennant une forte somme d’argent ; Anna lui résiste et s’ensuit une bagarre où Anna tue Granny en l’empalant sur la porte de la chambre avec un tison de cheminée…
Le psychiatre John Pritchard, qui attendait un fiacre devant la maison de Granny, a vu Dysart avant le meurtre, mais, à l’enquête de police, il le couvre afin de recueillir Anna pour l’héberger chez lui…
Pritchard sait pertinemment qu’Anna est coupable mais il veut étudier sa pathologie et essayer de la contrôler voire de la soigner…
Michael, le fils de Pritchard, arrive au domicile de son père, il doit épouser Laura, une jeune femme aveugle et leur mariage est imminent…
C’est alors qu’Anna, prise d’une crise, tue la gouvernante ; Pritchard essaie de camoufler le meurtre et cache le cadavre…
Il ne sera pas au bout de ses peines, Jack l’éventreur ayant pris possession de sa fille, Anna disparaît et atterrit dans un quartier chaud de la ville ; une prostituée, en vue de l’employer, l’emmène chez elle !
Mon avis :
Avec “La fille de Jack l’éventreur”, la Hammer a pris d’énormes risques en s’accordant la liberté de rediriger un mythe (celui du personnage de Jack l’éventreur) sur une histoire de possession avec sa fille, c’est un pari très osé mais réussi dans l’ensemble et encore vu nulle part ailleurs, c’est le gage de la qualité énorme des productions de la Hammer qui revisite intégralement tout le bestiaire du cinéma fantastique et, soyons francs, une nouvelle fois c’est un vrai régal…
Peter Sasdy emploie la thématique de la possession et l’illustre par des séquences à la violence frontale, le tout baignant dans une sensualité appuyée par le personnage d’Anna joué par la splendide Angharad Rees, frêle actrice au visage poupin, dont on ne soupçonnerait jamais le côté meurtrier lors de crimes bestiaux (sa force est justifiée par le fait qu’elle soit possédée par son père, l’ignoble Jack l’éventreur), Sasdy donne une grande crédibilité à son scénario avec une succession de plans séquences au timing imparable et vraiment passionnants…
Les personnages connexes (Eric Porter en tête) semblent envoutés par le charme et l’aura de la belle Anna mais sont inconscients du danger ; Pritchard souhaite même la guérir mais il est en plein rêve, ne se doutant pas de ce qu’il attend !
La mise en scène déploie des morceaux de bravoure avec un magnifique final dans une cathédrale et l’enchevêtrement des scènes lors des dix dernières minutes est bluffant, un peu comme un catharsis dont l’issue ne semble être que la mort, mort vécue comme une délivrance…
La musique de Christopher Gunning est par ailleurs magnifique, elle fait fonctionner le film comme une élégie et l’empathie se créée immédiatement pour la petite Anna, décalée totalement avec son environnement à cause de son trauma, elle gravite avec son regard psychotique que seul Pritchard pense pouvoir guérir et ramener à la raison…
Eric Porter est à la fois touchant et à côté de la plaque (on devine qu’il est fou amoureux d’Anna) mais la grande pudeur dont il fait preuve le contraindra à « couvrir » les crimes jusqu’à un blackout sans retour arrière, dont lui-même sera la victime…
« La fille de Jack l’éventreur » est un Hammer remarquable et il figure parmi les chefs d’œuvre de la firme britannique, n’étant pas un « Dracula » ou un « Frankenstein » mais une exploration, une nouvelle déclinaison originale du personnage de Jack l’éventreur par un biais fantastique différent, la possession…
Ça reste du très haut niveau et le film, encore de nos jours, fait preuve d’une modernité dans le découpage des plans avec moult cadrages à l’image en biais ; Peter Sasdy réussit ici un coup de maitre absolu…
Le blu ray Elephant films est parfait avec les bonus illustrant Alain Schlockoff qui donne un avis dithyrambique justifié sur le film…
« La fille de Jack l’éventreur » est un Hammer plus gore que d’habitude mais tout fonctionne à merveille dans ce film, que je vous encourage fortement à visionner, ne serait-ce que pour le jeu d’Angharad Rees,  elle brille dans son rôle de façon indélébile…
Note : 9.5/10








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