dimanche 10 mars 2019

Comme un aimant de Kamel Saleh et Akhenaton, 2000


COMME UN AIMANT
de Kamel Saleh et Akhenaton
2000
France
avec Akhenaton, Titoff, Kamel Saleh, Houari Djerir, Brahim Aimad  
90 minutes
Chronique de mœurs
Musique supervisée par Akhenaton
Synopsis :
Marseille, quartier du panier, dans les années quatre-vingt –dix…
Sauveur, Cahouette, Santino, Houari et Bra-Bra sont des jeunes qui vivent dans le quartier, ils ont baissé les bras pour rechercher un travail et passent la majeure partie de leur temps à siroter des verres au bar du coin ; pour gagner un peu d’argent, ils se livrent à de multiples trafics en revendant des magnétoscopes « tombés du camion » ou aussi en escroquant d’autres gens du quartier…
Vols de voitures, sorties en discothèques miteuses et engueulades ponctuent leur quotidien…
Sauveur se fait virer par son père qui ne supporte plus son oisiveté, il trouve refuge dans un taudis et sympathise avec une gamine d’origine bosniaque…
Errant à bord d’une voiture volée, les trois jeunes essayent d’aborder deux superbes jeunes femmes qui marchaient sur le trottoir… sans succès !
Le destin ne semble pas sourire à ces jeunes gaillards marseillais, pourtant plein de ressources… quand il s’agit de faire des conneries !
Deux d’entre eux parviennent, grâce à l’entremise d’un troisième, à brancher des filles plutôt bien roulées ; ils arrivent même à se faire inviter chez l’une d’elles !
Hélas la rencontre tourne court, un des garçons prétextant qu’une des filles vote pour le front national !
Santino se retrouve mêlé à une sombre histoire de trafic avec des mafieux de la pègre marseillaise ; il doit de l’argent à un gros bonnet, caïd de la ville !
Lorsque des hommes armés de ce caïd tabassent Santino en pleine rue et cassent la carrosserie de sa voiture, Sauveur et ses amis, entendant les coups de barre de fer, déboulent…
Sauveur se retrouve dans le collimateur de cette pègre…
Lors d’un énième trafic de téléviseurs, cette fois-ci la police arrête trois des amis de Sauveur, pris en flagrant délit…
Jusqu’au jour où tout bascule…
Mon avis :
Tout premier film du rappeur de IAM Akhenaton, « Comme un aimant » est globalement une grande réussite, le film décrit des tranches de vies de jeunes marseillais désoeuvrés dans les années quatre- vingt-dix, mêlées de trafics divers et de plans foireux, mais sans une violence disproportionnée comme dans d’autres films comme « Ma 6-t va cracker » ou « La haine », non ici Akhenaton opte plutôt pour un ton réaliste et beaucoup de pudeur, son cinéma s’apparente un peu à celui d’Abdellatif Kechiche en version marseillaise…
Les acteurs sonnent tous justes et on se prend d’amitié et de compassion pour ces jeunes qui ne demandent qu’une chose : être heureux…
Titoff fait son numéro mais son personnage n’est pas hors de propos et s’intègre bien au film, Akhenaton est impérial et on sent de sa part une énorme implication, la musique qu’il a totalement supervisée colle bien à l’esprit d’IAM et certaines séquences sont filmées caméra sur l’épaule, donnant une sensation de tonicité et de frénésie en même temps…
« Comme un aimant » s’est injustement fait démolir par la critique à sa sortie, avec le recul on y voit un film sincère, posé et juste, aux antipodes des films de banlieue vus précédemment ; Akhenaton a voulu faire autre chose que ses prédécesseurs et s’est lancé dans une aventure louable et digne du plus grand intérêt, nous montrant le quotidien que lui-même il a vécu avec une linéarité qui force le respect…
Certaines scènes sont tout à fait réalistes comme les plans drague à deux euros où de pauvres jeunes femmes sont alpaguées verbalement par les trois lascars en voiture, mais en même temps, c’est tout à fait ça le quotidien à Marseille…
Pas de misérabilisme dans le film, mais plutôt une grande insouciance avec ces jeunes qui picolent tranquillement à la terrasse du café ; la scène où Akhenaton se fait virer par son père est très intense et Akhenaton se dote d’un jeu d’acteur insoupçonné, tout comme certaines fulgurances dans le film comme la scène avec le manège nocturne ou le reflet de la voiture de police dans l’écran du téléviseur, « Comme un aimant » est un film très bien conçu et pour un premier métrage, on peut dire qu’il mène la dragée haute à plein d’autres…
Le sujet était casse-gueule mais dans l’ensemble, Kamel Saleh et Akhenaton ont globalement réussi leur pari, ils ont su instaurer une ambiance juste avec des passages réalistes ; « Comme un aimant » est une œuvre sincère et à voir si l’on s’intéresse au parcours d’Akhenaton, il fait preuve d’une très grande intelligence, tout comme les albums d’IAM et a voulu transposer sa musique en film, par conséquent les fans du groupe phocéen adhèreront sans difficulté au film…
« Comme un aimant » est un film courageux et atypique dans le cinéma français, rien que pour ça il faut le voir !
Note : 8/10








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