Top of the lake de Jane Campion et Garth Davis, 2013

TOP OF THE LAKE

de Jane Campion et Garth Davis

2013

Grande Bretagne/Australie/Etats unis

avec Holly Hunter, Elisabeth Moss, Gwendoline Christie, Peter Mullan

360 minutes

Série de 6 épisodes

diffusé sur Arte

Policier

Synopsis :

Nouvelle Zélande, ville de Laketop, début des années deux mille dix...

Tui, une fillette, fait une tentative de suicide en voulant s'immerger dans un lac, elle est sauvée in extremis...

On conduit la fillette à l'hôpital et le personnel soignant découvre que Tui est enceinte de cinq mois !

Robin Griffin, une femme policière très compétente et qui a déjà travaillé pour la protection de l'enfance, est chargée d'interroger Tui ; lorsque Robin lui demande l'auteur du viol, Tui écrit sur un morceau de papier "No one" ; c'est alors que Robin Griffin comprend que Tui a été violée par son père, Matt MItcham !

Matt Mitcham vit d'un trafic de drogue qui fleurit dans toute la ville, il est redouté de tous les habitants et ultra violent !

Mitcham et ses deux fils emmènent un riche promoteur immobilier, Platt, en bateau sur le lac, Mitcham veut tuer Platt et se venger de lui car il prétend que Platt a vendu un terrain qui appartient à Mitcham sans le prévenir !

Le terrain a été attribué à une mini secte de féministes qui l'appelle "Paradise" ; finalement Platt est jeté par dessus bord et ne survivra pas, la police retrouve son corps quelques jours après...

De plus, il y a quelque chose d'étrange, alors que Mitcham est clairement un très dangereux criminel, Al Parker, le responsable hiérarchique de Robin Griffin, chef de la police, semble le prendre en sympathie, voire le couvrir dans ses méfaits !

C'est bien lui qui a violé la jeune Tui, mais personne ne semble pouvoir l'arrêter et l'emprisonner !

Robin Griffin va mal, sa mère est en phase terminale d'un cancer incurable et peut décéder à tout moment ; elle retrouve un de ses anciens petits amis, Johnno Mitcham, qui n'est autre que le fils de Matt Mitcham...

La situation se corse pour Robin, sa mère décède et Johnno lui apprend qu'il savait que des jeunes hommes il y a une quinzaine d'années avaient participé au viol collectif de... Robin !

Robin commence à disjoncter et les choses s'accélèrent, Tui s'échappe et part en forêt sans laisser de traces et Robin découvre qu'Al Parker est le responsable d'un réseau pédophile qu'il coordonnait en embrigadant des jeunes qui étaient embauchés dans un bar, structure de réhabilitation pour délinquants...

Nous comprenons dès lors pourquoi Al Parker "couvrait" plus ou moins Matt Mitcham !

Tui est finalement retrouvée, mais elle a accouché d'un nourrisson, heureusement en bonne santé...

Alors que Tui est emmenée avec d'autres enfants pour une soirée avec Parker, Robin découvre le pot aux roses !

Elle fonce chez Parker et trouve sa maison déserte ; alors qu'elle passe un appel de son portable à Tui, elle entend la sonnerie qui vient du salon de chez Parker !   

Mon avis :

Jane Campion est une très grande réalisatrice, elle prend souvent d'énormes risques, ici elle s'attaque à une mini-série télévisée de six épisodes d'une heure chacun traitant d'un sujet très grave : une ville sous l'emprise d'un réseau de pédophilie ; par conséquent, "Top of the lake" est un film très dur, réaliste et totalement bouleversant sans aucune once d'humour mais d'une noirceur implacable, certains personnages foutent la trouille (Peter Mullan) et Jane Campion n'y est pas allé avec le dos de la cuillère dans le glauque et le morbide ; elle a intégré également une revendication politique sur le féminisme avec les femmes de "Paradise", un groupe de femmes  retranchées, en marge des hommes vindicatifs, quasiment tous les hommes sont des pourris dans "Top of the lake"...

Celle qui porte tout le film sur ses épaules c'est l'actrice Elisabeth Moss, phénoménale dans le rôle de Robin Griffin, on dirait un clone de Clarice Starling/Jodie Foster du "Silence des agneaux", d'ailleurs il y a pas mal de similitudes avec le film de Jonathan Demme, surtout la fin et l'épilogue...

Les décors et les paysages sont sublimes, tout comme la technique de filmage (du très haut niveau pour une série télévisée !), mais il y a des séquences terribles voire atroces qui peuvent retourner le spectateur (le viol collectif de Robin à seize ans, ses cris... on est obligés de laisser couler ses larmes !), ce qui est paradoxal avec "Top of the lake" c'est que la "forme" est montrée avec une grande pudeur, mais que quand on connaît le "fond"de l'histoire, ça fait vraiment peur !

Jane Campion, y va doucement et brutalement en même temps, c'est difficile à expliquer et exprimer mais quand on le visionne, c'est la première chose qui nous vient à l'esprit !

Pour appréhender et apprécier "Top of the lake", il faut se laisser "glisser" dans l'intrigue, un peu comme si on tombait dans une trappe, car après le premier épisode on ne peut plus décrocher (j'ai vu les six épisodes en 24 heures, deux par deux), le personnage de Robin est particulièrement attachant et ce n'est pas donné à n'importe qui un rôle pareil, Elisabeth Moss est incroyable et tout sonne juste !

"Top of the lake" est une tentative très intéressante de renouveler le polar à la télé, un peu comme l'a fait la série "La trêve", la comparaison peut clairement se faire...

Evidemment, "Top of the lake" est à proscrire au jeune public et aussi aux spectateurs sensibles ; les cinéphiles qui aiment les personnages tordus et les séquences extrêmes seront intéressés par "Top of the lake" et même les plus blasés seront collapsés par le culot de Jane Campion et par certains passages d'une cruauté effrayante...

Accrochez-vous et prévoyez des bouteilles d'eau et surtout faites des pauses quand vous sentez la saturation arriver, "Top of the lake" est très dense et très lourd à supporter, mais ça vaut vraiment le coup d'oeil !

Note : 9/10