samedi 4 août 2012

Les Démoniaques, Jean Rollin, 1973


LES DEMONIAQUES

de Jean Rollin

France

1973

100 minutes

Fantastique/Erotique

avec Joëlle Coeur

Synopsis :

Une bande de voyous qui se font appeler les "Naufrageurs" sème la panique sur les côtes de l'océan Atlantique...

Composée d'une femme peu farouche et de trois hommes, sombres lascars, ils terrorisent les marins faisant échouer leurs bateaux en leur donnant de faux signaux lumineux d'accostage et pillent leurs cargaisons...

Alors qu'ils sont en pleines exactions nocturnes, deux frêles jeunes filles sorties de nulle part leur réclament de l'aide !

Au lieu de ça les hommes d'une brutalité bestiale les violent et les martyrisent en pensant les laisser pour mortes le long de la plage...

Des apparitions spectrales des deux nymphes se baladent dans le village et une "vengeance" semble s'accomplir sur les contrevenants, véritables rebuts alcooliques de la société...

Nul ne pourra faire machine arrière et la revanche des filles blondes aux visages poupins et à l'allure gracile se met alors en marche, terrassant la moindre personne qui aura l'outrecuidance de leur barrer la route ! 

Mon avis :

"Les démoniaques" est réellement un des meilleurs films de Rollin dans sa période post vampirique et de loin un de ses métrages les plus théatralisés  !

Faisant preuve à la fois d'une audace et d'une rigueur scénaristique, il parvient de nouveau et comme à l'accoutumée à insuffler une dimension atmosphérique hors normes à son entreprise, émaillée de plans séquences parfaitement contemplatifs et exploitant sans retenue le cadre géographique qui s'offre à sa caméra effilée et excellemment maîtrisée...

Dès les premières minutes on est déjà pris dans une intrigue passionnante et linéaire avec ces deux jeunes filles à peine post pubères sorties d'on ne sait où et déambulant comme des soeurs siamoises, se tenant sans cesse par la main, ce qui accentue leur complémentarité et en même temps leur singularité...

Rollin, par cette dimension baroque, envoie un levier dans le "fantastique expressionniste" pour basculer dans le délirant et l'exubérant mais toujours avec sa "touche" qui est la sienne, qui peut rebuter le moins aguerri des spectateurs, mais qui s'avère entêtante voire orgasmique, à l'instar de Joëlle Coeur se masturbant au milieu des algues devant un spectacle funeste et crépusculaire proche de la catharsis...

Au demeurant, "Les démoniaques" est calibré comme du Rollin pure souche, avec ses défauts (moindres) et ses qualités (un bon sens narratif) et cette obsession des corps dénudés, meurtris et martyrisés, où les images sont en symbiose avec le son ou la musique (il y est même question d'une chanson lancinante interprétée au piano)...

A la limite du fantastique onirique et aux confins d'un érotisme raffiné servant de tremplin à la caractérisation de personnages sordides mais finalement attachants, "Les démoniaques" est une grande réussite, une pièce maîtresse de la carrière de ce cinéaste décidément passionnant qu'était Jean Rollin, à visionner absolument et sur le format Blu ray sorti chez "Redemption" le métrage s'avère un pur régal ! picturalement et artistiquement parlant...

Note : 9/10






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