vendredi 24 août 2012

Possession d'Andrzej Zulawski, 1981


POSSESSION

D’Andrzej Zulawski

Avec Isabelle Adjani, Sam Neill

France/Allemagne

1981

118 minutes

Drame fantastique

Synopsis :

Anna, une jeune femme brune au corps superbe et à la personnalité ténébreuse et énigmatique, vit à Berlin à l’époque où le mur existait encore…

Son mari rentre après un long voyage professionnel, l’accueil est glacial !

Soupçonnant sa femme de schizophrénie et d’infidélité, le mari fait engager un détective afin de percer le mystère de la névrose obsessionnelle qui s’est emparée d’Anna…

L’agence n’a plus de nouvelles du détective…

Le mari se lie d’amitié avec l’institutrice de son fils (qui ressemble étrangement comme deux gouttes d’eau à Anna !), un garçonnet d’une huitaine d’années…

Puis tout part en vrille, c’est le chaos le plus total ! aussi bien dans le couple que dans l’environnement, Anna se mutile avec un couteau électrique, pique des crises de folie proche du délirium…

En fait Anna entreprend une liaison amoureuse avec une créature, un monstre visqueux et tentaculaire !

Est-ce son imaginaire ou la réalité ?

Devant l’impossibilité à décoder ce mal être qui ronge la jeune femme, son époux va envisager le pire !

L’enfer est proche et il sera ponctué par une folie brutale et foudroyante pour tout le monde !

Mon avis :

« Possession » est un IMMENSE CHOC aussi bien sur le plan visuel que narratif !

Une plongée ultra glauque dans l’enfer labyrinthique de la schizophrénie ponctuée de passages terribles car emplis de folie névrotique, d’angoisse lancinante décuplée par une brutalité et une sauvagerie absolue et inédite au cinéma !

Zulawski se sert de l’environnement qui entoure ses personnages comme d’un levier dans le désordre mental et l’absence de cohérence psychanalytique, multipliant les plans chocs (souvent gores et horribles à regarder !) afin d’y inclure une mise en scène brillante, exploitant les peurs de chacun et détournant le bon sens et la réalité pour arriver à une alchimie onirique, ou plutôt cauchemardesque ! (ici ce n’est pas « Alice au pays des Merveilles » mais « Anna dans le dédale de la démence » !)…

Certes, ce spectacle visuel et viscéral pourra déconcerter et déstabiliser les trois quarts des spectateurs lambda, car ici RIEN N’EST CONFORME OU CONFORMISTE avec ce que l’on connait du cinéma, c’est ce qui fait la singularité du métrage, balayant les conventions établies et opérant sur un terrain miné, marchant sur des œufs à chaque minute et ne reculant devant aucune trouvaille pour appuyer son propos, déjà totalement barré voire hermétique !

Et ADJANI !

Alors là, elle est au summum de ce qu’une actrice peut donner dans un rôle !

ELLE DONNE TOUT !

Ses tripes, son talent, elle rend crédible à tous points de vue une psychose passant par le corps d’une frêle jeune femme, atteinte de démence au dernier degré et piquant des crises ! (la scène du métro est extraordinaire, elle y exécute une transe, proche d’une « danse » macabre et infernale !)…

La séquence du couteau électrique où Anna découpe la viande et la hache rappelle un peu la symbolique de la viande morte putride comme celle d’un cadavre prêt à partir « ad patres » et fait croître l’angoisse chez le spectateur de manière soutenue et tétanique…

Le « monstre » difforme élaboré par Carlo Rambaldi (décédé il y a peu de temps) est une nouvelle fois complètement inédit et son côté crasseux, poisseux et baroque, végétant dans l’appartement d’un immeuble-taudis aux papiers peints dégueulasses fait infléchir à 360 degrés la sensation de confort pour augmenter l’anxiogènéité d’un film sacrément culotté et unique en son genre !

Adjani y interprète deux rôles, celui d’Anna et celui de l’institutrice, et trouve sa composition la plus aboutie, elle est sensationnelle !

Sam Neill est excellent également, je ne vois pas ce qu’il y aurait à redire au niveau de la direction des comédiens …

Zulawki assène un énorme coup de massue à son public et grave à jamais une pierre angulaire dans le panorama du cinéma fantastique, par un appui graphique et une atmosphère schizoïde et déjantée qui fera date, n’en doutons pas…

A voir absolument et en étant bien accroché à son fauteuil !

Note : 10/10





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