jeudi 19 décembre 2013

La Clepsydre de Wojciech Has, 1973


LA CLEPSYDRE

de Wojciech Has

Pologne

1973

avec Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat

119 minutes

Fantastique

Prix du jury au Festival de Cannes 1973

Synopsis :

Josef, un homme d'une quarantaine d'années, doit rendre visite à son père, Jacob qui se trouve dans un sanatorium...

L'endroit est perdu, délabré et à la limite de l'insalubrité...

A son arrivée, Josef est accueilli par une superbe infirmière qui donne son corps au médecin chef...

Le même médecin chef tient un discours pour le moins ambigu à Josef lui expliquant que son père est mort mais pas tout à fait...

Comme pour le principe de la clepsydre, le temps peut changer, modifier les événements que l'on rencontre tout le long de notre vie, et c'est ce qui se passe avec le père de Josef !

Josef va se retrouver embringué dans un long et périlleux voyage, un peu comme une quête initiatique, où il sera mêlé à diverses situations, passant par des moyens parallèles, d'un point à un autre...

Il revoit par visions intermittentes son père ou d'autres personnes et passe d'un endroit au suivant par l'intermédiaire du dessous d'un lit ou d'une galerie de pantins automates...

Il se retrouvera à l'issue du périple de nouveau dans le sanatorium et rendra compte de tout ce qui lui est arrivé au médecin chef et à Jacob...

Mon avis :

Ovni phare du cinéma polonais peu prolixe quand il s'agit de cinéma fantastique, "La clepsydre" est un long dédale filmique, très hermétique, qui pourra rebuter le spectateur lambda par sa lenteur contemplative et ses effets extrêmement singuliers et rébarbatifs...

A mi chemin entre le cauchemar sur pellicule et l'onirisme pur, le métrage déploie un esthétisme très travaillé via des mouvements de caméra fluides et toniques...

On ne comprend pas bien ce en face de quoi nous sommes...

Il faut se laisser transporter (tout comme le personnage principal) dans un long portnawak subconscient et sacrément glauque...

Une touche d'érotisme bizarre apporte encore plus au côté insolite de l'oeuvre et les couleurs mises en exergue tout le long ne sont pas sans rappeler un Mario Bava ou un Fellini...

Ces connaissances narratives peuvent être parfois victimes de leurs limites car elles sont très denses et peu faciles à identifier et assimiler, reste un jeu d'acteurs un peu théâtral mais honnête et des sursauts scénaristiques foudroyants (la scène des chevaux, l'introduction dans la taverne, la prostituée rousse hystérique et le tout début du film avec l'hirondelle qui vole en surplace)...

"La clepsydre" c'est tout un univers, tout un rêve retranscrit en deux heures et qui a le mérite de son originalité et de la façon dont sa perception s'établit et se connecte avec le spectateur et son inconscient, c'est du cinéma d'auteur à 100 % et du jamais vu pour l'époque !

Le jury cannois ne s'y est d'ailleurs pas trompé puisqu'il a accordé son prix à Has en 1973, tout à fait mérité eu égard au talent certain de ce réalisateur hors normes et loin des conventions établies dans les codes du septième art...

"La clepsydre" a une approche si ésotérique qu'il pourra déconcerter...

Les cinéphiles les plus sur ouverts, quant à eux, se régaleront devant une maestria de couleurs et sur une histoire insolite peut être mais jamais sotte...

A découvrir !

Note : 9/10






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