dimanche 19 avril 2015

Les filles du botaniste de Dai Sijie, 2006

LES FILLES DU BOTANISTE
de Dai Sijie
France/Canada
2006
Avec Mylène Jampanoï, Li Xiaoran, Nguyen Nhu Quynh, Ling Dong Fu, Nguyen Van Quanq
Etude de mœurs/drame
94 minutes
Synopsis :
République populaire de Chine, durant les années 80…
Li Min, une jeune étudiante qui vit dans un orphelinat part effectuer un stage de quelques mois chez le célèbre professeur botaniste Monsieur Chen…
Sa maison se situe sur un petit ilot où l’on doit accéder par bateau, à la rame…
Dès son arrivée, Li Min fait la connaissance d’An, la fille du botaniste, ce dernier s’avère acariâtre et colérique lors d’erreurs de Li Min ; en même temps des liens affectifs se tissent entre les deux jeunes femmes…
Alors que ces liens se prononcent de manière plus forte (elles effectuent des jeux saphiques), Dan, le fils de Chen, officier militaire revient du Tibet et tombe amoureux de Li Min, cette dernière refusant ses avances…
Li Min et An élaborent un stratagème : Li épousera Dan pour voir en cachette An, celui-ci étant souvent en déplacement…
Lors de la lune de miel, Dan s’aperçoit que Li Min a été déflorée…
Fou de rage, il la bat et lui attache les poignets à une corde !
Mon avis :
Bénéficiant d’une mise en scène très soignée, « Les filles du botaniste » est un excellent film loin des autres productions formatées d’EuropaCorp et qui traite de manière courageuse un sujet plutôt rare au cinéma (l’homosexualité féminine), transposant huit années avant « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche la relation compliquée entre deux jeunes femmes, ici dans la Chine des années 80 alors totalitaire et réfractaire à tout manquement aux conventions établies, en l’occurrence les rapports sexuels entre personnes de même sexe…
Ici pas de récurrence sur le graveleux mais bien une réelle pudeur qui s’articule plus avec la sensualité et le « jeu érotique » des actrices via des plans furtifs dénudés et dénués de la moindre vulgarité…
Le charme de Mylène Jampanoï et de Li Xiaoran opère instantanément, baigné dans de somptueux paysages naturels très bien mis en valeur, le caractère irascible du père symbolise l’autorité et le diktat, comme la politique chinoise de l’époque où rares peuvent être les transgressions surtout lorsqu’elles s’éloignent des règlementations…
La quête du gynseng, la vision de la petite île où les plans de corps qui se reflètent sur l’eau (maintes fois utilisés même dans le cinéma italien) donnent un atout graphique considérable aux « Filles du botaniste » et l’ensemble se suit avec le plus grand intérêt et l’empathie fonctionne totalement envers les deux jeunes filles, il n’est d’ailleurs pas exclu de verser quelques larmes lors de l’issue du métrage, que je vous laisse découvrir…
Il s’agit ici d’une approche originale à mi-chemin entre film grand public et film d’auteur et qui marque avant tout par son côté apaisant et nature, sans tomber dans le schématisme car le scénario est parfaitement élaboré, faisant la part belle à la culture chinoise et ses traditions (la scène du mariage, le rite du repas, les travaux dans la serre…).
Sans être le film du siècle, « Les filles du botaniste » procure de multiples sensations, à l’instar d’autres films sensitifs comme « L’odeur de la papaye verte » ou « L’empire des sens », et délivre une autre vision des coproductions sino-européennes s’axant sur l’érotisme  sensoriel et viscéral…
Une grande réussite…

Note : 9/10






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire