jeudi 9 avril 2015

L'ILE NUE de Kaneto Shindo, 1960

L’ILE NUE
de Kaneto Shindo
Japon
1960
avec Nobuko Otowa, Taiji Tonoyama, Masanori Horimoto, Shinji Tanaka
Chronique de mœurs/Drame
91 minutes
Edité en DVD chez Wild side
Synopsis :
Setonaikai, un petit archipel du Japon, au début des années 60…
La vie et le quotidien de Senta, le père de famille, Toyo, la mère et leurs deux fils, Taro et Jiro…
Les parents, obligés d’irriguer la terre aride de leurs cultures, font et refont des ballets incessants pour récupérer l’eau, ils se servent de longues tiges qui portent les seaux en bois, ce qui s’avère un travail très physique, la mère pliant sous le poids et s’écroulant de fatigue…
La pauvre femme sera giflée sans vergogne par son époux et devra reprendre la marche, un quotidien éprouvant et rude, une survie en somme…
Un jour, l’un des fils a un grave problème de santé, son frère le retrouve inerte dans le logement familial !
Mon avis :
Véritable classique du cinéma japonais dans le registre intimiste, « L’ile nue » est une œuvre relativement spéciale voire hermétique mais très aboutie au niveau plastique et technique…
Constitué de saynètes presque lunaires, le film décline la vie de tous les jours d’un couple de paysans voyageant d’un point à l’autre, comme résignés et forcés d’effectuer la même pantomime inexorablement…
L’arrivée dramatique qui va s’abattre brutalement sur l’un de leurs fils va, par conséquent, amplifier la douleur qu’ils ressentent et c’est surtout la mère qui va en faire les frais en explosant de tristesse…
Mais « L’ile nue » ne se contente pas de retranscrire fluidement leur désarroi car Kaneto Shindo a moins voulu axer l’exubérance que la pudeur dans son métrage pour faire apprécier au spectateur des décors fascinants et des plans soignés esthétiquement, au détriment d’un rythme pesant qui peut rebuter les cinéphiles peu habitués à la lenteur et à l’aspect répétitif…
On est plein cinéma d’auteur, sans aucun dialogue, mais avec un jeu des comédiens authentique et désabusé…
Film ne ressemblant à aucun autre, « L’île nue » possède la caractéristique d’être très singulier et reste réservé aux cinéphiles les plus ouverts et tolérants qui soient, ici les habitués de cinéma moderne n’y trouveront sans doute pas leur compte…
Restent aux autres de savourer le charme de la photographie, la sublime musique qui accompagne les séquences et l’intensité de certains passages (la découverte du petit garçon, le poulpe sous l’eau, la vision de l’île au crépuscule, le repas…).
Il est très courageux de la part de Wild side d’avoir fait l’effort de sortir ce film en DVD et cela sera l’occasion de le découvrir, très rare et aussi intimiste que d’une spécificité hors du commun…
Ne serait-ce que pour la richesse graphique qu’il comporte et la magnificence de sa trame scénaristique, « L’île nue » est à voir, à conserver religieusement pour tout spectateur en quête d’absolu, de beauté et de plénitude…
Note : 9/10






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