dimanche 18 décembre 2016

La soeur d'Ursula d'Enzo Milioni, 1978

LA SŒUR D’URSULA
d’Enzo Milioni
1978
avec Barbara Magnolfi, Stefania d’Amario, Vanni Materassi, Marc Porel, Anna Zinnemann, Antiniska Nemour
95 minutes
Giallo
aka La sorella di Ursula
Blu ray édité chez le Chat qui fume
Synopsis :
Un village côtier italien, au bord de la mer thyrénéenne, fin des années soixante-dix…
Ursula et Dagmar Beyne, deux sœurs venues d’Autriche, effectuent  quelques jours de repos et veulent profiter de leurs vacances pour se détendre ; Dagmar dite « Daggie » veille sur sa sœur Ursula, une jeune femme qui souffre d’une névrose et qui est victime de crises psychotiques récurrentes ; la jeune femme est asociale et jalouse inconsciemment sa sœur qui a un franc succès auprès des hommes et qui utilise son charme volcanique pour assouvir sa libido très demandeuse…
Robeto Delleri, le gérant de l’hôtel où séjourne les deux jeunes femmes, semble être de toutes les attentions vis-à-vis d’elles et les convie souvent à assister à un show musical, chaque soir, animé par Stella Shining, une chanteuse de pop…
Filippo Andrei, un jeune homme brun à la beauté ténébreuse, essaie de séduire Ursula mais cette dernière, eu égard à sa pathologie, refuse ses avances…
C’est alors qu’un maniaque sexuel trucide une prostituée de manière sauvage, il pratique une « mise en scène » avant chacun de ses crimes et terrorise les filles volages, dont il fait des proies et des victimes idéales…
Un couple de jeunes adolescents est lui aussi sauvagement assassiné, dans les combles de l’hôtel, la police piétine et les soupçons vont vers Delleri, le responsable du gite…
Dagmar révèle alors à Filippo qu’un lourd secret familial est la cause de la maladie mentale d’Ursula, son père étant devenu impuissant a fini par se suicider…
Mon avis :
Totalement inédit en France, « La sœur d’Ursula » est un giallo très atypique qui se démarque des autres par la crudité appuyée des scènes de sexe (Milioni a mis le paquet et nous gratifie de moult séquences quasiment pornographiques !), de plus « La sœur d’Ursula » lorgne de manière frontale sur le « film de demeures » et l’architecture de l’hôtel et de ses multiples recoins est mise en valeur de façon très rigoureuse, ce lieu fait partie intégrante de l’histoire…
L’intrigue avec le binôme des deux sœurs, toutes deux antinomiques (l’une réservée et bipolaire, l’autre ouverte sur le monde et à la limite de la nymphomanie) forme un duo qui donne de multiples interrogations au spectateur et brouille les pistes (Daggie semble vouloir « protéger » Ursula mais adopte une attitude qui la perturbe sans arrêt)…
Le modus operandi du tueur est très original avec l’ombre de ce qui semble être son sexe en érection et qui apparaît régulièrement avant chaque meurtre, meurtre qui préfigure quatre années avant ceux que Fulci a mis en exergue dans son « Eventreur de New York », du moins la sauvagerie employée fait penser au film du Maestro…
Enzo Milioni s’est particulièrement appliqué dans les cadrages de son film, il adopte un style atypique et avant-gardiste proche des techniques utilisées dans le cinéma d’auteur ; la plastique des actrices est sidérante et seule la belle Barbara Magnolfi a refusé de dévoiler sa nudité, quant aux autres comédiennes elles se sont montrées peu avare de leurs charmes (à peine le film démarré, déjà à la troisième minute, on a droit à une scène de nudité intégrale, et ça n’arrête pas !), ce qui fait de « La sœur d’Ursula » un film proche de l’extrême et qui n’est pas à montrer à tous les publics…
Ce côté grivois n’est pas pour autant gratuit et permet de servir de levier pour rehausser l’intrigue où Enzo Milioni nous balade complètement, il parvient à éclater les codes giallesques pour se concentrer sur un scénario très habile et alambiqué axé sur la névrose d’une femme, en l’occurrence Ursula (Barbara Magnolfi tient ici LE rôle de sa carrière, la jeune femme est remarquable et très crédible)…
Au fur et à mesure, la mosaïque scénaristique se reconstitue jusqu’à un final effrayant et qui floue tout le monde, les interrogations multiples trouvent enfin des réponses et la terreur est au rendez-vous de manière imparable !
Exhumé miraculeusement par les éditions du Chat qui fume, « La sœur d’Ursula », outre ses qualités innovantes indéniables, est l’exemple typique de la recherche de renouveler un genre qui semblait en perte de vitesse (on est en 1978) à l’orée des années quatre- vingts, Enzo Milioni moins connu que ses illustres homologues Lenzi, Martino et autres Dallamano s’est plutôt bien débrouillé et s’en sort honorablement, avec « La sœur d’Ursula » il n’a copié personne et signe un des avatars les plus extrêmes du genre, que tout cinéphile fanatique de gialli se doit d’avoir visionné, ne serait- ce que pour sa REELLE originalité et son application visuelle, sa recherche de se démarquer des codifications instaurées auparavant…
« La sœur d’Ursula » est un film très intéressant qui ravira les cinéphiles curieux et ouverts à toutes les nouveautés…

Note : 9/10




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