samedi 31 décembre 2016

OXYGEN de Richard Shepard, 1999

OXYGEN
de Richard Shepard
1999
avec Maura Tierney, Adrien Brody, James Naughton, Laila Robins, Terry Kinney
Polar thriller
87 minutes
Edité en DVD chez TF1 vidéo
Synopsis :
Ville de New York, Etats-Unis, fin des années quatre- vingt dix…
Madeline Foster, une commandante de police, a du mal à décrocher avec son addiction à l’alcool, elle est mal dans sa peau à cause d’un travail éprouvant et se brûle les avant-bras avec des cigarettes, étant masochiste ; Tim Foster, son supérieur capitaine de police, est également son compagnon et l’aide lors d’une interpellation musclée…
Harry, un psychopathe d’une vingtaine d’années, kidnappe Frances Hannon, la femme d’un riche collectionneur d’œuvres d’art, en pleine rue…
Madeline est chargée de l’enquête ; la situation se complique lorsque la police comprend, grâce à une cassette vidéo envoyée par Harry à Clark Hannon, que Frances a été enterrée vivante dans un bois à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu du rapt…
Tim Foster et Madeline tendent un piège à Harry lorsque celui-ci se rend dans un cimetière pour récupérer la rançon d’un million de dollars des mains de Clark Hannon…
L’opération tourne au vinaigre et s’ensuit une course poursuite entre Madeline et Harry, qui finit par être interpelé…
Dans les locaux de la police, Harry refuse de parler à qui que ce soit, sauf à Madeline !
Une relation étrange s’installe entre le psychopathe et la policière ; pendant ce temps, Frances perd de l’oxygène et risque à tout moment de mourir par asphyxie…
Mon avis :
Tourné quasiment une décennie après le mythique « Silence des agneaux », « Oxygen » est un polar sombre qui emprunte certains codes de son illustre prédécesseur, sans le plagier, comme cette pathologie et ce trauma que subit Madeline (excellente Maura Tierney) avec son alcoolisme qui n’est pas sans rappeler la psychose de Clarice Starling avec ses visions de brebis égorgées…
« Oxygen » est un métrage qui démarre à fond la caisse et qui met direct dans l’ambiance, le film sera sous tension permanente, que ce soit pour les héros ou pour le spectateur et Adrien Brody (dont c’est l’une des premières compositions au cinéma) est terrifiant dans son rôle de psychopathe ravagé qui nargue sans cesse la police et qui défie Madeline par le biais de plans libidineux, il est très intelligent, sur intelligent même et semble bluffer tout le monde avec une aisance et une désinvolture sidérantes…
Bourré d’action (la poursuite du début dans le métro, filmée caméra sur l’épaule rappelle celle de « French connection » de Friedkin) et doté d’une grande tonicité dans son montage, « Oxygen » est un film qui se suit très facilement  et qui tient en haleine mais seul bémol (et de taille !), la fin n’est pas du tout crédible !
Shepard veut nous faire avaler des couleuvres  grosses comme des boas et l’épilogue ne tient pas la route, plombé par une grandiloquence proche du ridicule et hors sujet par rapport à ce que nous avions vu auparavant…
La manipulation dont fait preuve Harry vis-à-vis des policiers n’est pas réaliste mais sert à dynamiser l’intrigue, qui commençait à s’essouffler ; reste de bons moments de polar des années 90 et une interprétation juste pour tout le monde (mention à Laila Robins en victime terrorisée qui hurle à tue- tête), Brody entame sa carrière par un personnage fulgurant et après avoir vu sa prestation, on comprend bien qu’il est un immense acteur et cinq années après il obtiendra un Oscar pour le film de Polanski « Le pianiste » ; dans « Oxygen » il dévoile la facette de son talent et son potentiel est énorme !
Pour en revenir au « Silence des agneaux », c’est dire si ce film a dû marquer Richard Shepard puisqu’il reprend presque plan par plan LA scène du film (SPOILER) lorsque les agents du FBI découvrent le chien dans le trou creusé avec en parallèle (joies du montage alterné) lorsque Madeline et son équipier rentrent dans la chambre du motel pour découvrir l’acolyte de Harry, mort allongé sur le lit (FIN DU SPOILER) qui rappelle celle de l’arrivée de Clarice Starling chez le psychopathe…
Ceci étant, et en faisant abstraction du final peu convaincant, « Oxygen » est une bonne tentative de revigorer le genre, à l’instar de films comme « Se7en » de Fincher ou « Copycat », et Shepard semble ne rien avoir laissé au hasard, usant de tous les procédés possibles pour mettre mal à l’aise celui qui visionne le film, cela lui vaudra une interdiction aux moins de seize ans…
Aux frontières entre le cinéma hollywoodien et le film indépendant, « Oxygen » met en valeur une héroïne solide malgré sa psychose et son alcoolisme et offre une confrontation entre elle et un tueur beau gosse hyper dangereux et pervers, le résultat est détonnant, hormis la carence scénaristique et l’improbabilité flagrante des dix dernières minutes…
A voir tout de même comme une performance sincère de la part de Shepard et aussi pour se faire une idée de ce que pouvait être le polar américain dans les années 90…

Note : 8/10




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