dimanche 17 septembre 2017

2046 de Wong Kar Wai, 2004

2046
de Wong Kar Wai
2004
Hong Kong
avec Tony Leung, Gong Li, Zhang Ziyi, Faye Wong, Maggie Cheung
Drame/Science fiction
129 minutes
Synopsis :
Tout comme Jean Rollin (même si les deux hommes n’ont aucun rapport ou lien direct), Wong Kar Wai utilise l’écriture automatique pour concevoir ses films, donc il est très difficile de résumer l’histoire ou le scénario de 2046, Kar Wai n’ayant lui-même écrit aucun script pour le réaliser mais a imbriqué les séquences tournées une fois son film achevé (avec au passage les trois quarts des plans balancés à la poubelle !)…
En gros, Chow Mo Wan, un homme embarque dans un train futuriste vers le pays ou l’année appelée « 2046 » afin d’y retrouver une ou des femmes, ces dernières se nomment Bai Ling et Su Li Zhen, Su Li Zhen étant deux femmes à la fois mais à des périodes différentes…
Chow Mo Wan joue son destin avec des cartes et se fait souvent manipuler par le charme de ses rencontres, les femmes l’hypnotisent !
Lors d’un voyage, il rencontre une androïde, Wang Jing wen, et pour finir il croise une femme vêtues de noir surnommée la Mygale…
Su Li Zhen semble être le seul et ultime amour de Chow, qui passe d’une époque à l’autre, d’une sphère à l’autre, le film se déroule sur un siècle entre 1946 et 2046 et il y est aussi question de politique après la rétrocession de Hong Kong en 1997…
Kar Wai nous fait naviguer dans un spectacle à la fois sexuel et onirique, qui se déroule la plupart du temps dans un hôtel…
Quel sera le but final de Chow et finira t-il par se satisfaire en amour ?
Le film tente d’apporter quelques éléments de réponse au dilemme de Chow…
Mon avis :
Wong Kar Wai a tourné ce « 2046 » avec une approche totalement en free style, du coup l’œuvre risquera d’en déconcerter plus d’un malgré des qualités visuelles formellement reconnues mais sur un aspect narratif décousu, ennuyeux voire carrément opaque…
Les liens entre les séquences sont cloisonnés avec comme seul repère le personnage de Chow Mo Wan (Tony Leung, excellent comédien) qui gravite entre plusieurs femmes, toutes magnifiques, mais on s’y perd un peu, les séquences sont répétitives et Kar Wai utilise des flashbacks très furtifs avec excès, les décors de l’hôtel sont sales, ce qui enlève quelque peu la magnificence attendue, venant d’un metteur en scène de sa trempe…
Le cinéma de Wong Kar Wai est selon moi très surestimé et la majorité des critiques de cinéma se paluchent comme des dingues à chaque sortie de ses films, et pourtant il n’y a souvent pas de quoi casser trois pattes à un canard, à ce compte- là Kitano est beaucoup plus solide et talentueux, il donne un cinéma plus simple et plus ample ; Kar Wai oublie cette humilité dans son cinéma et a tendance à délivrer un cinéma hermétique, profondément emmerdant, il s’enferme complètement dans son délire et nous cloisonne dans son style très et trop personnel ; en plus il cadre mal ses personnages au niveau de la technique, coupant le haut de leur tête en permanence, ce sont les bémols qui handicapent « 2046 », en plus d’un scénario inexistant avec une trame hyper schématique…
On est au début des années deux mille donc les effets de SF fantasy et numériques passent très mal maintenant, le film parait daté et a pris un énorme coup de vieux ; « 2046 » s’adresse à une frange de cinéphiles adeptes d’intellectualisme, il se situe à mi-chemin entre le drame, la science-fiction et le film d’auteur pur avec un sentiment hautain de la part de Kar Wai, qui rend souvent des séquences inaccessibles aux yeux de celui qui visionne son film, cela laisse une impression très spéciale ; « 2046 » y aurait gagné énormément à être plus ouvert et si Kar Wai s’était lâché vers un cinéma populaire, apparemment ce n’est pas du tout son objectif, il sait ce qu’il veut, le fait mais ne se soucie pas du reste ni du comment son film sera perçu au final, la sensation pour le cinéphile semble mitigée et je ne suis pas aussi catégorique que les critiques cinématographiques qui crient au génie, je trouve que le cinéma de Kar Wai n’a pas que des qualités, son hermétisme flagrant le rend singulier et insolite, mais pas tout le temps dans le bon sens…
La place des femmes dans « 2046 » est très grande, il y a des passages de sexualité frénétique, que reprendra une dizaine d’années après le film « Hotel Singapura » (les similitudes entre ces deux films sont flagrantes) ; l’aspect science-fiction à la « Blade runner » est placé, quant à lui, au second plan, Kar Wai se servant du levier fantastique pour accentuer la détresse du personnage principal qui semble malheureux et en quête de l’amour et de la plénitude amoureuse, quelques soient les lieux ou les époques où il se trouve…
« 2046 » demeure toutefois un film remarquable et fortement intéressant, il dévoile les caractères du cinéma hongkongais et ses facettes toutes multiples et pourra plaire aux cinéphiles les plus ouverts…
Il faut juste se laisser pénétrer par le style Wong Kar Wai et dès les premières secondes du film, on arrive aisément à voir si on adhère ou non à son « langage » cinématographique…
« 2046 » c’est du cinéma quitte ou double, ça passe ou ça casse….
L’intérêt du film est de nous faire découvrir un style de cinéma très exotique ; il faut voir au moins une fois un film de Kar Wai pour se faire sa propre idée sur la méthode qu’il emploie pour réaliser ses œuvres, et surtout, éviter de se faire parasiter par les avis des uns et des autres qui l’encensent systématiquement...
« 2046 » est un film expérience à voir sans à priori, c’est de cette façon que l’on pourra le savourer.
Note : 8/10






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