dimanche 10 juin 2018

Victoria de Sebastian Schipper, 2015


VICTORIA
de Sebastian Schipper
2015
Allemagne
avec Laia Costa, Frédérick Lau, Max Mauff, André Hennicke, Franz Rogowski
Film d’auteur/drame/polar
138 minutes
Produit par Arte
Synopsis :
Berlin, de nos jours, la nuit, à quatre heures du matin…
Victoria, une jeune femme originaire de Madrid en Espagne, travaille comme serveuse dans un salon de thé berlinois ; elle se trouve dans une discothèque électro et danse, elle prend un verre de Schnaps au bar puis décide de partir afin de regagner son appartement ; lors de sa sortie, la jeune femme, très belle et au physique attirant, est alpaguée par quatre hommes, visiblement éméchés, Victoria n’a pas peur d’eux et entame même une discussion ; il y a Sonne (le soleil en allemand), Fuss, Blinker et Boxer ; de fil en aiguille, Victoria accepte les farces des quatre gens, un d’eux lui prend son vélo, les quatre hommes font les pitres en pleine nuit, ce qui semble amuser Victoria ; Sonne s’introduit dans un magasin de boissons ouvert la nuit, avec Victoria, ils profitent que le gérant dort et volent des bouteilles !
Puis la clique se retrouve sur le toit d’un immeuble, Victoria est fascinée par la vue nocturne et décide de quitter Sonne et les autres…
Finalement, Victoria réfléchit et se dit que ce n’est pas la peine de rentrer chez elle, le salon de thé ouvre dans quelques heures et elle ne pourra pas dormir, du coup elle reste avec les garçons…
Elle emmène Sonne au salon de thé et lui propose de boire un chocolat ; c’est alors que Boxer et Blinker entrent en catastrophe et Fuss vomit ses entrailles en plein dans le salon de thé…
Dans la panique, les quatre hommes volent une voiture, Fuss devait conduire mais il est ivre mort ! Sonne et ses amis ont « quelques chose à faire », Victoria accepte de les conduire à un endroit précis…
Ils y retrouvent Andi, dans le parking souterrain d’un immeuble ; Andi a tiré d’une mauvaise passe Sonne lorsque ce dernier était en prison ; en contrepartie, Sonne doit effectuer un casse dans une banque et amener cent mille euros à Andi !
Prise dans ce tourbillon et terrorisée, Victoria se voit être complice de tout ceci ; le casse est planifié et la banque ouvre dans une dizaine de minutes…
Après deux gorgées d’alcool et un rail de coke, les garçons et Victoria partent à l’endroit prévu, les quatre malfaiteurs entrent à l’ouverture de la banque, en même temps que la première employée, Victoria les attend devant ; alors que Victoria fait un demi-tour, la voiture s’arrête net et ne redémarre plus !
Mon avis :
« Victoria » est un véritable tour de force cinématographique puisque, à l’instar du film de Hitchcock « La corde », il a été tourné en un seul et unique plan de deux heures vingt minutes dans vingt- deux lieux différents, outre cette gageure technique incroyable et sidérante se rajoute des acteurs incroyables, tous très justes et qui tiennent la cadence sans fatiguer ; la prouesse dont fait preuve Sebastian Schipper est d’autant plus monumental qu’on se croit même carrément en train d’assister à un rêve éveillé, les décors s’imbriquent pile poil dans l’histoire du film, tout est millimétré et pourtant c’est du cinéma freestyle, très tonique avec comme levier scénaristique le casse qui doit avoir lieu et Victoria qui se retrouve embringuée dans cet imbroglio (formidable Laia Costa, fille nature et attendrissante)…
Dès lors, dès que le spectateur a l’information qu’un casse va avoir lieu, cela rajoute une tension de folie mais là où « Victoria » est un métrage incroyable, c’est que Sebastian Schipper choisit justement de ne PAS montrer le casse, du moins de l’intérieur de la banque !
A la différence de « Killing Zoe » auquel on aurait pu penser et se référer, il n’y a aucune violence brute mais plus une empathie pour les personnages…
Le spectateur est baladé dans un voyage filmique hors des conventions et rien n’est laissé au hasard, « Victoria » est une virée nocturne où le spectateur, calé confortablement dans son fauteuil, va suivre l’itinéraire de ces jeunes gens, avec une issue de fous (que je ne vous dévoilerai bien sûr pas)…
Schipper a signé avec « Victoria » une œuvre essentielle pour le cinéma européen des années deux mille dix/deux mille quinze, c’est un tourbillon absolu dont on sort en larmes et totalement collapsé, cette maitrise totale de la technique boostée par le jeu des comédiens amène à se demander comment les comédiens ont pu tenir tout le long du film sans faire de malaise (ils sont restés sans uriner alors qu’ils se sont enquiller des dizaines de verres !), « Victoria » est un film monumental, une claque et même on peut se demander s’il n’a pas été tourné avec une micro caméra, les scènes de voitures ou la caméra qui sort par la vitre avant de la voiture pour rejoindre les protagonistes sur le trottoir, je ne vois pas comment cela a été fait, un homme caméraman en aurait été techniquement incapable, c’est vraiment un travail exceptionnel !
Le film est sorti au début de l’été 2015 en France mais n’a pas laissé de traces énormes, il est donc à réhabiliter impérativement, c’est un OVNI total qui révolutionne le monde du cinéma…
Les cinéphiles apprécieront « Victoria » comme il se doit et savoureront un mélange de drame, d’action et de film d’auteur qui restera longtemps gravé dans les mémoires !
Les dix dernières minutes sont à couper le souffle, mais chuttt…. Je vous laisse voir et explorer ce film monumental….
Une gifle !
Note : 10/10












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