dimanche 25 novembre 2018

Fondu au noir de Vernon Zimmermann, 1980


FONDU AU NOIR
de Vernon Zimmermann
1980
Etats unis
avec Mickey Rourke, Dennis Christopher, Gwynne Gilford, Tim Thomerson, Linda Kerridge
Film fantastique/Thriller/Slasher
100 minutes
aka Fade to black
Synopsis :
Une ville des Etats-Unis, au début des années quatre-vingts…
Eric Binford est un jeune homme qui est fasciné par le cinéma, il passe le plus clair de son temps à visionner des films, allongé sur son lit et prostré devant son écran…
La situation d’Eric fait le désespoir de sa tante Stella, une  dame infirme en fauteuil roulant, qui s’occupe d’Eric depuis le décès de ses parents…
Eric effectue des petits boulots dans une usine qui produit des bobines de films pour les studios d’Hollywood proches ; Eric est la cible de railleries de la part de son collègue moqueur Richie, il fait des paris en rapport avec le cinéma avec lui, mais Eric est incollable et gagne tout le temps, seulement Richie refuse de lui donner son gain…
Binford voue un culte absolu à Marilyn Monroe et vit dans le déni de la mort de l’actrice, la considérant toujours en vie !
Un jour, Eric, se trouvant dans une brasserie aperçoit Marilyn O’ Connor, une jeune femme blonde sosie de Marilyn Monroe, c’est le coup de foudre ! Eric lui propose un rendez-vous au cinéma le soir même…
Lorsqu’Eric rentre chez lui, il est tard et Stella lui passe une avoine, dans l’engueulade sa tante casse le projecteur d’Eric qui lui servait à regarder ses films !
C’en est trop ! Eric pousse Stella dans un escalier avec son fauteuil roulant et celle-ci se tue dans la chute !
Eric opère alors un virage à 180 degrés et plonge dans la schizophrénie, il se fait appeler Cody Jarrett (en référence au nom du personnage incarné par James Cagney dans le film « L’enfer est à lui ») et devient un meurtrier, un tueur en série !
Le détective Jerry Moriarty, assisté d’une femme policière, traque Eric, mais les investigations s’avèrent très difficiles, en effet, Eric revêt sans arrêt des déguisements lors de ses crimes, il reproduit à l’identique les personnages des films qu’il a vus et passe, par conséquent, inaperçu !
Eric est pris en stop par un scénariste hollywoodien ; de fil en aiguille, Eric lui parle d’un projet qu’il a écrit appelé « Alabama et les quarante voleurs »…
Peu de temps après, Eric/Cody se rend compte que le producteur lui a volé son idée de script et ne l’a même pas contacté !
Après une bonne dizaine de meurtres effectués auparavant, Eric se rend dans les studios d’Hollywood avec comme unique idée, celle de tuer le producteur !
Mon avis :
Les années quatre-vingts virent pondre des déclinaisons de genres cinématographiques, notamment les films appelés « slashers » qui commencèrent à pulluler dans le panorama du cinéma américain, certains étaient basiques, d’autres (comme « The burning » de Tony Maylam) redonnaient une saveur et une atmosphère peu communes qui rendaient honneur au genre…
Ce « Fondu au noir » (« Fade to black » outre Atlantique) est hors concours par rapport aux autres, il fait preuve d’une originalité immense, d’un sens du détail et d’une rigueur méthodique prodigieuse !
Remarquable à tous les niveaux, « Fondu au noir » met en scène un serial killer cinéphile et là, ça change tout !
Le personnage désaxé d’Eric Binford va, dès le premier meurtre (celui de sa tante) le faire virer à la schizophrénie puisqu’il reproduit les meurtres qu’il a vus dans les films qu’il vénère au centimètre près et à la virgule de réplique près !
L’acteur Dennis Christopher est fabuleux et proprement bluffant, les situations sont fluides et glauques en même temps, le film passe comme une flèche et on se régale…
Vernon Zimmermann signe ici un authentique chef d’œuvre et un démarquage absolu du film fantastique, « Fondu au noir » est dès lors unique en son genre, formidablement réalisé et l’empathie que l’on a pour Eric Binford (que l’on soit cinéphile ou simple spectateur) se créée dès le début du métrage, son personnage est proche du Norman Bates d’Hitchcock, mais en plus moderne…
Binford est attachant et le talent de Zimmermann fait qu’on éprouve très peu de peur vis-à-vis de lui, il a été humilié à maintes reprises et décide de se « venger », c’est le juste retour des choses et on éprouverait presque de la compassion par rapport à ses actes, ce qui est très rare pour un slasher !
Le scénario est découpé de façon très astucieuse et le film va crescendo dans la violence, la schizophrénie de Binford va se « dégoupiller » lentement mais surement dans une mise en scène effilée et singulièrement fascinante...
« Fondu au noir », outre son aspect atypique et original, est de plus un sommet du polar avec des investigations, des rebondissements et des décors sublimes (la fin sur le toit du bâtiment, la ville la nuit…)…
Tous les cinéphiles mordus de fantastique pourront se reconnaître dans le personnage d’Eric Binford, il leur parle, il nous parle, et les situations vécues dans le film sont surement des situations qu’on a tous vécus (les moqueries des camarades, des collègues), ici Binford se sert du cinéma comme d’une catharsis pour exulter des pulsions et ses douleurs, le cinéma « l’aide » à canaliser l’agressivité qu’il a emmagasiné pour exploser lors de ses meurtres…
Zimmermann signe un film immense qui fera date et qui devint culte pour beaucoup de cinéphiles ; cette idée géniale d’établir un parallèle réalité/fiction via le septième art pour amplifier la justification des meurtres est simplement très forte et surtout inédite au cinéma…
Un très grand film, qui, par la modernité de son propos, n’a pas trop vieilli…
Note : 9.5/10
Dédicacé à Bruno











Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire