dimanche 22 septembre 2019

La saignée de Claude Mulot, 1971


LA SAIGNEE
de Claude Mulot
1971
France/Italie
avec Gabriele Tinti, Bruno Pradal, Pierre Vassiliu, Charles Southwood, Ewa Swann, Patty d’Arbanville, Françoise Prévost
86 minutes
Polar
Blu ray édité chez Le Chat qui fume
Musique d’Eddie Vartan
Synopsis :
New York et une ville de la Somme, début des années soixante-dix…
Alors qu’ils étaient dans la chambre d’un hôtel huppé de New York, un jeune homme et son amie sont tués à coups de revolver par un mafioso ; juste à ce moment- là, Thomas Chanard, l’employé de l’hôtel arrivait dans la chambre pour déposer une boisson au couple, dès qu’il ouvre la porte il découvre le couple abattu et le mafioso pointe son arme sur lui !
Chanard a juste le temps de claquer la porte et s’en sort indemne mais il fait une course effrénée et fonce jusqu’au métro de la ville ; il comprend alors qu’il sera recherché et qu’il risque inévitablement d’être tué par l’organisation mafieuse !
Thomas Chanard quitte alors les Etats-Unis et prend l’avion pour la France, il se réfugie chez sa mère qui tient un hôtel restaurant dans une petite ville de la Somme…
Thomas Chanard est un témoin crucial par rapport à l’agression et au meurtre qu’il a vu, un homme politique joue sa carrière si le mafioso et sa bande ne sont pas appréhendés ;   l’inspecteur Marvin Hobbart est chargé de retrouver Chanard, il est devancé par Flaggert, un tueur à gages, les deux hommes parviennent à retrouver la trace de Thomas et se rendent dans la ville de la Somme…
Chanard comprend que s’il veut faire une nouvelle vie en France, il lui faudra trouver un travail pérenne, or tous ses anciens contacts lui ferment la porte et refusent de l’embaucher !
Chanard retrouve Catherine, une superbe femme qu’il a aimée avant de partir aux Etats-Unis, celle-ci, entre temps a eu un fils avec Thomas…
Flaggert et Hobbart retrouvent Chanard et le menacent à de multiples reprises !
Mais l’horreur viendra des anciennes connaissances de Thomas, des chasseurs, qui vont se liguer contre lui et le frapper violemment à coups de crosses de fusil, le laissant nu sur la plage, le corps rempli de boue et d’ecchymoses…
L’homme politique américain étouffe l’affaire auprès des médias et clôt la polémique, il sera assuré d’être élu aux élections qui lui tenaient à cœur…
Thomas, blessé mais ayant survécu à sa violente agression, pense être tiré d’affaire…
Lorsqu’il s’assoit dans un bus, il ne se doute pas que Flaggert est juste derrière lui !
Flaggert pointe son pistolet, comme pour tuer Thomas !
Mon avis :
Polar très atypique (on n’a jamais vu un film pareil dans le panorama du film policier hexagonal), « La saignée » est une œuvre d’une très grande richesse, aussi bien sur le plan technique que scénaristique ; dès le début, on comprend qu’on a affaire à un très grand polar et Claude Mulot manie sa caméra avec une grande virtuosité et un sens du timing bluffant ; il sait également parfaitement diriger ses acteurs (Bruno Pradal et Gabriele Tinti en tête) pour insuffler une crédibilité à son film, qui sort totalement des codes du cinéma policier de cette époque, il s’en démarque (rien à voir ici avec les films de Verneuil ou de Melville)…
L’atmosphère est lourde, oppressante mais en même temps simple et fluide, Claude Mulot a su s’entourer de son équipe habituelle (il reprenait souvent les mêmes techniciens et les mêmes scénaristes pour chacun de ses films), le résultat est donc sincère et ravira sans difficultés les plus exigeants des cinéphiles, grâce au fait que jamais Mulot ne prend le spectateur pour un imbécile, il se fiche de faire l’argent mais préfère délivrer son cinéma, son style, qui se différencie de tous les autres et qui, par conséquent, rénove et réécrit l’histoire du polar…
Il intègre des éléments christiques (il fallait le faire !) avec le corps nu, bras en croix de Thomas après son agression, dans la boue avec la bande malfrats qui le bastonnent, Catherine (magnifique Ewa Swann) semble symboliser la vie, le retour à une vie meilleure, mais Thomas perd ses repères rapidement et l’issue sera fatale ; « La saignée » est à la fois un thriller politique et une quête initiatique, Claude Mulot s’éloigne de ses films précédents comme « La rose écorchée » (sublime œuvre fantastique) et se sert de la réalité pour amplifier l’impact que son cinéma va propulser vis-à-vis du spectateur, c’est donc un film indélébile dans l’histoire du polar et paradoxalement une œuvre très méconnue, ignorée de tous, mais encore une fois, heureusement que l’éditeur Le chat qui fume a eu l’excellente idée d’exhumer et on peut dire qu’ils ont fourni un travail du feu de Dieu !
Ça tient carrément du miracle et on attendait depuis des lustres de pouvoir revoir ce film dans des conditions optimales, le résultat est sidérant, on en rêvait, Le chat qui fume l’a fait !
C’est maintenant l’occasion de rendre honneur à Claude Mulot et « La saignée » reste indélébile, gravant d’une pierre blanche le cinéma bis français, Mulot ne s’est pas trompé et envoie tous les autres réalisateurs dans leur moule et dans leurs codes, il transgresse et explose toutes les conventions, tous les pré-établis pour parapher son meilleur film à ce jour, même si « La rose écorchée » reste son chef d’œuvre...
Merci au Chat qui fume, vraiment pour le boulot entrepris et pour la transmission aux cinéphiles de cette pépite…
Il me tarde de le revoir !
Note : 10/10











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