dimanche 27 septembre 2020

Je suis vivant ! d'Aldo Lado, 1971

 

JE SUIS VIVANT !

d’Aldo Lado

1971

Italie/Allemagne/Yougoslavie

avec Jean Sorel, Mario Adorf, Ingrid Thulin, Barbara Bach, José Quaglio

Giallo fantastique

96 minutes

DVD édité chez Neopublishing

Blu ray édité chez Le chat qui fume

Musique d’Ennio Morricone et Bruno Nicolai

aka Malastrana

aka La corta notte delle bambole di vetro

Synopsis :

Prague, au début des années soixante-dix…

Un homme gisant au sol et à priori décédé est découvert par un cantonnier, ce dernier prévient la police…

Il s’agit de Gregory Moore, un journaliste américain ; il est envoyé à la morgue de l’hôpital local en vue d’être examiné pour éventuellement une autopsie…

L’homme, Gregory Moore, revoit des flashbacks d’avant sa mort supposé, en fait il est en état de catalepsie…

Il se souvient de Mira Svoboda, une très belle jeune femme qu’il a côtoyée et qui a subitement disparu…

Gregory est parti à sa recherche et commence à perdre la raison ; Jessica, une amie de Gregory, et Jacques Versain vont prêter main forte à Greg…

Ses pérégrinations l’amènent à entrer dans le Klub 99, un endroit où les riches notables de la ville assistent à des concerts de musique classique…

Mais en fait le Klub 99 est le repaire d’une secte qui pratique la magie noire et qui kidnappe des jeunes filles en vue de les faire procréer afin de créer une nouvelle race, un peu comme les nazis avec la race aryenne !

Alors que Gregory découvre que Mira a été assassinée, c’est là que son calvaire débute !

Jacques est lui aussi tué lorsqu’il surveillait Gregory devant le club…

Considéré comme mort, Gregory doit faire l’objet d’une dissection lors d’un cours à la faculté de médecine de la ville !

C’est juste à ce moment là qui commence à revenir à lui mais les professeurs de médecine sont de mèche avec la secte…

Gregory se voit alors condamné à une issue atroce ; dans son inconscient il ne cesse de dire « Je suis vivant ! » « Je suis vivant ! »…

Mon avis :

Alors qu’il était avant tout scénariste de plusieurs films italiens, notamment avec Salvatore Samperi, Aldo Lado se voit confier la réalisation de son premier métrage « Je suis vivant ! » en 1971 ; le producteur lui alloue des moyens conséquents et Lado ruse en tournant certaines séquences à Zagreb (faisant croire qu’il s’agit de Prague dans l’intrigue du film) sans la moindre autorisation !

Le film en lui-même révolutionne complètement les codes du giallo et brise littéralement ces derniers puisqu’Aldo Lado insère une grande touche de fantastique dans l’histoire de « Je suis vivant ! »…

La mise en scène est labyrinthique, le film est parfois déconcertant et difficile à suivre (il faut deux visionnages pour tout saisir) mais n’en demeure pas moins extrêmement intéressant…

Unique en son genre « Je suis vivant ! » tient la dragée haute aux autre gialli de l’époque, les comédiens sont magistraux (Jean Sorel dans le rôle principal est habité par le personnage de Gregory, Barbara Bach tient un rôle fugace mais est d’une beauté à tomber par terre, Ingrid Thulin et Mario Adorf en second plan sont prodigieux), les décors sont impressionnants et la musique d’Ennio Morricone, orchestrée par Bruno Nicolai est envoûtante et parfois bien flippante !

L’idée du « Klub 99 », ce repaire de nantis partouzeurs en fait criminels met vraiment la trouille et Lado a exploité cette trouvaille scénaristique de main de maitre !

« Je suis vivant ! » est un film basé sur l’alchimie (le corbeau qui symbolise la mort, les papillons qui font figure de fuite, comme pour celle de Mira/Barbara Bach), Lado utilise les symboliques pour appuyer les propos de son film et ça marche, le spectateur est bluffé !

Même s’il ne s’agit pas de son meilleur film (on lui préfèrera « La bête tue de sang froid », mieux structuré), « Je suis vivant ! » est un pur coup de maitre pour Lado et le faisait rentrer de plein pied dans la légende et la catégorie très fermée des réalisateurs de gialli sur lesquels on pouvait compter ; ça se vérifie puisque l’année suivante (en 1972) il signe une pièce maitresse du genre « Qui l’a vue mourir ? », un des dix plus grands gialli de tous les temps !

Avec « Je suis vivant ! » on est dans l’élite du giallo, à la limite du film d’auteur mais qui reste très effrayant et angoissant, Aldo Lado n’oublie pas de faire peur au public friand de sensations fortes…

L’édition Blu ray du Chat qui fume est, une nouvelle fois, somptueuse et c’est l’occasion de redécouvrir le film avec des conditions idéales, les bonus sont nombreux et on retiendra celui avec Lado lui-même qui nous parle de ses débuts dans le cinéma et de la génèse de « Je suis vivant ! », c’est très instructif et le metteur en scène nous parle des galères qu’il a vécues et du subterfuge pour les scènes tournées à Zagreb…

Il va de soi que tout cinéphile fan de giallo se doit de posséder cette édition, elle est immanquable !

« Je suis vivant ! » c’est du cinéma élitiste, pas facile d’accès mais pourtant essentiel dans l’histoire œcuménique du cinéma italien, les plus « open » se régaleront !

Note : 9.5/10









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