samedi 26 mars 2016

Viva Zapata d'Elia Kazan, 1952

VIVA ZAPATA
d’Elia Kazan
1952
Etats-Unis
Avec Marlon Brando, Anthony Quinn, Jean Peters, Joseph Wiseman, Arnold Moss, Alan Reed
108 minutes
Fresque historique romancée
Produit par Daryl F. Zanuck
Oscar du meilleur acteur dans un second rôle (Anthony Quinn)
Synopsis :
Au début du vingtième siècle, en 1909 au Mexique…
Les paysans du Morelos, spoliés par des exploitants de canne à sucre, rendent une visite inopinée au gouverneur de la région, ils lui expliquent leur désarroi, ce dernier leur promet de réparer cette erreur…
Lorsque les paysans quittent la salle, un homme, Emiliano Zapata, interpelle le gouverneur de façon irrespectueuse, celui-ci lui demande son nom et le note sur un calepin en l’entourant…
Peu de temps après, la révolte gronde : Zapata, aidé par son frère Eufemio et leur ami Pancho Villa, fomente une rébellion et les nantis sont attaqués dans un bain de sang avec pour point d’orgue un duel sabre contre mitrailleuse…
De fil en aiguille, Zapata devient l’étendard de la révolution mexicaine, il se marie avec la belle Josefa, un membre de l’armée qui le défendait est tué dans un guet- apens nocturne !
Zapata devient la cible du gouvernement et représente une personne gênante, son exécution devient inévitable afin de ne pas entacher les projets politiques du gouverneur…
Mon avis :
« Viva Zapata » est une retranscription de la société dans les pays pauvres qui donne une confrontation entre les politiques et le peuple, ici le postulat s’avère hélas encore d’actualité comme dans des pays sous-développés qui figurent sur la planète…
Le personnage de Zapata représente cette frange contestataire, défenseur d’un peuple opprimé rallié à sa cause et qui semble désespéré, Brando, au teint hâlé et aux yeux fermés, est méconnaissable dans son rôle, Anthony Quinn bénéficie d’un jeu d’acteur qui lui vaudra un oscar, Elia Kazan aurait dénigré Brando auprès de Quinn, pour rendre l’antipathie et la distance fortes entre les deux hommes, ce procédé est discutable puisqu’à la fin du tournage, Kazan n’avoua pas la vérité de cette supercherie à Quinn…
Bourré de poésie (le cheval blanc, sublime métaphore à la fin du métrage, la logorrhée avec les aphorismes débités par Brando, habité par son personnage) et touchant voire déchirant (le pauvre gamin qui mange la nourriture des chevaux, Josefa qui veut empêcher Zapata de partir et qui s’accroche à son cheval), « Viva Zapata » bénéficie de surcroit d’une technique de découpage des plans très habile (les séquences de mouvements de foule filmées en hauteur, les vues intérieures vers le dehors par la fenêtre –déjà utilisées par Orson Welles dans « Citizen Kane-)…
Le film se déroule de façon progressive, alternant passages conflictuels mais n’oubliant pas la belle histoire fougueuse entre Zapata et Josefa, d’abord houleuse (la scène de l’aiguille dans l’église) pour finalement occulter la raison et provoquer le déchirement (Jean Peters est bouleversante lorsqu’elle conjure Brando de ne pas la quitter)…
Dans sa globalité, « Viva Zapata » est et restera un très grand film, sur une thématique (la révolution mexicaine) très peu abordé à Hollywood et qui joue sur le réalisme de la misère d’un peuple avec crédibilité (on se demande si certains figurants ne sont pas réellement de vrais paysans mexicains)…
Brando trouve une nouvelle fois un rôle taillé à sa mesure et apporte en plus-value au film son charisme habituel, prouvant qu’il est à l’aise dans tous les registres…
La scène finale justifie à elle seule la raison de voir « Viva Zapata » et intègre le film dans le rang fermé des classiques du cinéma politique des années cinquante d’outre Atlantique…
Les affres du pouvoir, de la corruption et de la prévarication en prennent pour leur grade dans ce chef d’œuvre d’humanité et d’humanisme qui résonne comme un cri désespéré…
Magnifique !

Note : 10/10





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire