samedi 26 novembre 2016

Alabama Monroe de Félix Van Groeningen, 2012

ALABAMA MONROE
de Felix Van Groeningen
2012
Belgique/Pays Bas
avec Veerle Baetens, Johan Hendelbergh, Nell Cattrysse, Robbie Cleiren, Jan Bijvoet, Geert Van Rampelberg
Drame fulgurant
107 minutes
César du meilleur film étranger 2014
Nominé aux Oscars du meilleur film étranger 2014
aka The broken circle breakdown
DVD édité chez M6 vidéo
Synopsis :
Une ville de Belgique, années 2000…
Didier est un musicien qui mène une vie fantasque, il vit dans une caravane excentrée des endroits urbains avec des animaux comme des chevaux ou des poules ; Elise, une très belle jeune femme blonde tient un magasin de tatouages, elle est elle-même tatouée sur tout son corps, chacun de ses tatouages représente un de ses amants qu’elle garde en « souvenirs »…
Didier rencontre Elise et… c’est le coup de foudre !
Elise, enceinte de trois mois, l’apprend à Didier, d’abord réticent puis acceptant l’idée d’être père, ce dernier construit une véranda et agrandit sa ferme pour accueillir le bébé à venir…
Maybelle, leur fille nait…. Didier jouant du blue grass (un style de musique country) intègre Elise dans son groupe, Maybelle suit leurs sorties et concerts, il y a une fusion entre le jeune couple et les autres musiciens…
A l’âge de sept ans, Maybelle développe un cancer incurable…
Mon avis :
Drame fulgurant et foudroyant unique en son genre et quasi marginal dans la thématique qu’il exploite (la maladie et le décès d’un enfant), « Alabama Monroe » est un véritable crève- cœur cinématographique où il est impossible de ne pas laisser éclater ses larmes, Van Groeningen prend le parti pris habile d’un montage à la « Pulp fiction » qui ne défile pas dans la chronologie du passé au présent mais qui se déroule suivant l’instant, suivant l’instinct…
Du coup, hors des normes, nous apprenons au bout de la dixième minute le cancer de Maybelle au lieu que celui-ci apparaisse logiquement dans les minutes finales, « Alabama Monroe » doit son efficacité à son montage mais aussi à son humanisme servi par des comédiens à couper le souffle, emplis d’une viscéralité et d’une humanité prise par les tripes…
Il y a des passages atroces, des beaux moments, la crédibilité est présente et on se laisse emporter dans la vie de ces gens, dans le drame qu’ils vivent, on se prend le film comme un uppercut, on pleure, on est touchés, on re-pleure, on est pris de la plus grande compassion pour cette histoire très touchante, déchirante, « Alabama Monroe » c’est du cinéma-vérité qui appelle un chat un chat, qui montre et qui ose tout (même les passages de sexe) et le jeu des acteurs et des actrices est inoubliable (le monologue de Didier/Johan Hendelbergh lors du concert devant l’assemblée médusée et sans voix) même la petite Nell Cattrysse joue juste dans ce rôle hyper difficile d’enfant cancéreux condamné (un passage où elle joue avec ses bottes dans une flaque d’eau rappelle la chanson « Mistral gagnant » de Renaud « bousiller nos godasses et se marrer »), l’insouciance de l’enfance semble encore plus injuste lorsque celle-ci est confrontée à la maladie et à fortiori à la mort…
« Alabama Monroe » aborde de manière sincère, juste et pudique un thème extrêmement grave sur un ton naturaliste (le parallèle avec l’oiseau mort, les étoiles), la réincarnation est abordée par le biais d’Elise alors que Didier semble, lui, plus terre à terre et plus frontal…
La force de la mise en scène avec ses plans séquences mis sans ordre convenu nous transporte sur un second drame (la tentative de suicide d’Elise) puis sa mort qui nous collapse littéralement dans un final atypique avec l’immense solidarité des autres musiciens qui l’accompagnent vers sa mort, dans sa chambre, le film se clôt de cette façon, les larmes coulent à flots et on se rend compte qu’on a assisté à une leçon magistrale de cinéma…
« Alabama Monroe » est une immense claque, une volée qui nous est assénée en pleine figure, beaucoup de films ont abordé le thème de la mort, peu la mort sur un enfant, seul ce film est allé aussi loin et a poussé l’émotion à un tel degré…
Il est à déconseiller aux personnes dépressives et trop émotives, pour les autres, cinéphiles ou néophytes, « Alabama Monroe » est un métrage très rude, d’une force inouïe qui bouleversera tous ceux qui l’auront visionné…
Déchirant, unique, inoubliable, indispensable…

Note : 9.5/10





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