mardi 1 novembre 2016

Le septième juré de Georges Lautner, 1962

LE SEPTIEME JURE
de Georges Lautner
1962
France
avec Bernard Blier, Danièle Delorme, Robert Dalban, Francis Blanche, Françoise Giret, Maurice Biraud, Jacques Riberolles
Policier/Chronique sociale
95 minutes
Synopsis :
Ville de Pontarlier, Franche- Comté, début des années soixante…
Au bord d’un lac et après un déjeuner copieux et arrosé, Grégoire Duval, un notable pharmacien connu de toute la population et ayant pignon sur rue, se promène et découvre une jeune femme,  Catherine Nortier, qui prend un bain de soleil les seins nus ; Duval est pris d’une pulsion et tente de l’embrasser sur la bouche, Catherine résiste et se met à crier, c’est alors que Grégoire l’étrangle et la malheureuse décède sur le coup !
Sylvain Sautral, le petit ami de Catherine, s’était absenté durant le meurtre alors que Duval avait regagné sa place, ni vu ni connu, puisque la seule personne attablée avec lui faisait la sieste, Duval était donc supposé être resté avec lui !
La nouvelle du crime fait l’effet d’un coup de tonnerre dans la petite ville et tous les journaux en parlent ! Un procès retentissant doit avoir lieu, Sautral semblant être le coupable idéal, tous les mobiles convergent vers lui !
Geneviève, la femme de Grégoire, continue à mener une vie normale, leurs deux enfants également…
C’est alors que Grégoire apprend, de par sa fonction bien sous tous rapports, qu’il sera juré lors du procès…
Mon avis :
Lautner est un réalisateur très méticuleux et le spectateur le constate dès l’ouverture avec des plans magnifiques, Lautner n’a jamais caché ses références à Kurosawa ou Orson Welles chez qui il « emprunte » des trouvailles graphiques de toute beauté…
Avec « Le septième juré » nous nous régalons donc aussi bien sur le FOND que sur la FORME, la satire de la société qui est vue par Lautner fait de son film moins un polar qu’une chronique de mœurs, une étude sociale…
Blier est savoureux et extraordinaire dans son personnage de pharmacien insoupçonnable et nul n’aurait l’idée de le penser coupable du crime ; il s’évertue à défendre Sautral lors du procès sachant dans son fore intérieur que celui-ci est innocent, mais personne ne semble prêter attention à ses dires, pourtant calibrés de manière implacable et juste…
Lautner se sert de tout ce microcosme qui gravite autour de Grégoire (la famille, les amis du club de bridge, les confrères) pour appuyer sa « souffrance » à ne pas être cru ou reconnu « légitimement coupable », « Le septième juré » est donc un métrage extrêmement original dans sa conception de voir les situations, il bouscule totalement les codes du cinéma français d’alors et laisse un goût amer…
Osé comme les seins nus de l’actrice victime, à l’époque très peu de films se permettaient de tels écarts avec la nudité, « Le septième juré » donne une mesure sur la qualité de grands metteurs en scène comme Georges Lautner, et tourné simultanément avec « Les tontons flingueurs » il en est l’antithèse total, ici pas d’humour ni de second degré, tout est perçu par le spectateur de façon frontale et brute…
La technique utilisée est bluffante (le reflet des jantes de la voiture, la caméra mouvante sur des personnages statiques, la contre-plongée visage en gros plan en bas de l’écran/personnage coupé en retrait, le girophare de l’ambulance lors de la scène finale…), « Le septième juré » est une œuvre très atypique et qui a pris une grande importance au fil des années dans le panorama du septième art hexagonal…
A la réalisation flamboyante et se démarquant de tout ce qui a été entrepris auparavant, « Le septième juré » est devenu incontournable plus de cinquante ans après sa sortie et se doit d’être visionné pour comprendre la démarche de Lautner…
Immanquable !

Note : 10/10





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