dimanche 16 juillet 2017

Les valseuses de Bertrand Blier, 1974

LES VALSEUSES
de Bertrand Blier
1974
France
avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Jeanne Moreau, Miou-miou, Thierry Lhermite, Brigitte Fossey, Isabelle Huppert, Gérard Jugnot
Comédie atypique
117 minutes
Synopsis :
France, un petit village de la Drôme, début des années soixante-dix…
Jean-Claude et Pierrot sont deux petites frappes, deux voyous qui accumulent les larcins, ils harcèlent des femmes rencontrées au hasard dans la rue et volent des voitures pour effectuer des virées sans aucun but ni objectif précis…
Un soir, ils « empruntent » la Citroën DS d’un gérant de salon de coiffure ; dès qu’ils restituent la voiture, le patron menace de leur tirer dessus avec un revolver ; Marie-Ange, une employée du salon, les défend, Pierrot est blessé aux testicules lors d’un tir, Jean-Claude l’emmène clandestinement au domicile d’un médecin, qui le soigne…
Marie-Ange, malheureuse sexuellement, suit les deux gaillards dans leurs périples; Pierrot et Jean-Claude font la rencontre d’une jeune femme dans le wagon désert d’un train, Pierrot pratique une tétée avec elle ; puis les deux hommes s’introduisent dans un pavillon et fouillent les affaires des occupants absents, ils y trouvent des dessous et hument frénétiquement une petite culotte d’une dénommée Jacqueline, ils identifient son nom par rapport à des ronds de serviettes…
C’est alors que Jean Claude a l’idée folle de guetter les sorties à une prison de femmes ; en sort Jeanne Pirolle, une quinquagénaire, Jean-Claude la trouve très jolie et lui dit, d’abord réticente, Jeanne accepte l’argent de Jean-Claude, elle est emmenée dans un restaurant, puis à l’hôtel où une séance de triolisme a lieu…
Le fils de Jeanne, Jacques, est retrouvé par Jean-Claude et Pierrot ; ces derniers l’emmènent dans une maison de campagne où vit Marie-Ange, celle-ci leur sert une potée…
Un événement bienheureux va bouleverser le quotidien de Marie-Ange !
Mon avis :
Suscitant un immense tollé (justifié) de la part des ligues chrétiennes et bien pensantes à sa sortie, « Les valseuses » est un film incroyable qui alla révolutionner le cinéma français de l’époque ; proche du fantastique, le film est pourvu de nombreuses scènes de sexe, il narre l’odyssée de deux marginaux, Jean-Claude (Depardieu) et Pierrot (Dewaere), de manière totalement décomplexée, les pérégrinations sont en roue libre et pourtant Bertrand Blier calcule tout !; le spectateur est alors pris dans un tourbillon quasi-incessant de séquences cultes et qui feront date, après le visionnage des « Valseuses » on est obligé de repenser à ce à quoi on vient d’assister : tout est resté gravé, intact et le film nous hante pour l’éternité, c’est ce qui fait sa force, l’immensité déployée par ce film, c’est de la folie !
Aussi bien au niveau du jeu des acteurs que de la mise en scène, du culot de certains plans et de l’atmosphère démentielle qui règne tout le long, c’est prodigieux et parfaitement inclassable…
A la fois road movie, film érotique excessif, drame, comédie, « Les valseuses » sidère également par sa modernité et son aspect « flower power » totalement assumé, la musique de Grapelli, les décors, les scènes nocturnes et des répliques cultes font le reste et la magie opère, gravitant dans un métrage totalement barré…
Illogique si on y prête attention (le train emmène Jean-Claude et Pierrot à plusieurs centaines de kilomètres de distance de leur lieu de départ et pourtant ils parviennent à retourner Marie-Ange (Miou-Miou)), « Les valseuses » est un périple, une odyssée qui semble n’avoir aucune fin ni aucune finalité, le hasard des rencontres et des situations sert de terreau à Jean-Claude et Pierrot pour provoquer leurs accès de folie vrombissante, Blier sait y faire pour fasciner le spectateur et y parvient aisément…
Il est indéniable que « Les valseuses » est un film outrancier, mais à ne surtout pas prendre au premier degré, Blier est très intelligent et laisse travailler l’imagination du spectateur, il lui pose ses conditions cinématographiques, établit un style qui lui est propre, après à chacun de percevoir le film comme il l’entend, il est parfois difficile à appréhender (le suicide atroce de Jeanne Moreau, le dépucelage de Jacqueline –Isabelle Huppert-, l’agression au début) mais il est certain que « Les valseuses » ne laissera personne indifférent…
Quarante-trois ans après, l’impact est toujours présent et le culot déployé par Blier explose tous les autres cinéastes, personne depuis n’aura atteint un tel niveau dans le brisement des codes, dans la manière de raconter une histoire…
L’occasion de revoir Patrick Dewaere, acteur mythique, et d’apprécier le jeu de Depardieu, égal à lui-même, bref, « Les valseuses » est un classique de la comédie décalée, ceci étant il est à voir avec beaucoup de précautions et à réserver à un public adulte et averti (une interdiction aux moins de dix- huit ans à sa sortie est totalement juste)…
Une leçon de cinéma encore inégalée…

Note : 10/10 (chef d’œuvre absolu)





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