samedi 8 août 2015

Le miroir obscène de Jess Franco, 1973

LE MIROIR OBSCENE
de Jess Franco
1973
France/Espagne
Avec Emma Cohen, Françoise Brion, Howard Vernon, Robert Wood, Philippe Lemaire, Alice Arno
95 minutes
Edité en DVD chez Artus films
Erotique fantastique insolite
Musique supervisée par Bruno Coquatrix
Montage espagnol (Al otro lado del espejo) chroniqué (sans Lina Romay !)
Synopsis :
Ile de Madère, années 70…
Ana, une prude jeune fille, fait la fierté de son père qui s’occupe de lui avec conscience et application, veillant à ce qu’elle ait une éducation irréprochable…
Couvant sa fille à outrance, dès que celle-ci a un petit ami et entame une relation sérieuse avec lui, son père ne le supporte pas…
La demande en mariage insistante du petit ami d’Ana provoque un électrochoc chez son géniteur, qui se suicide par pendaison !
Ana quitte le domicile familial et se réfugie en ville, où elle végète avec une troupe d’artistes musiciens (elle est claviériste), courtisée de toutes parts, elle entame une relation avec le saxophoniste de l’orchestre…
Peu de temps après, il est retrouvé poignardé dans un parc !
De fil en aiguille, Ana est pressentie pour incarner Médée dans une pièce de théâtre, le réalisateur tombe fou amoureux d’elle, il sera lui aussi assassiné !
Pipo, un riche industriel qui diffuse une boisson fraîche, rencontre Ana par le biais d’amis communs… C’est le coup de foudre !
Pipo, aveugle, ne sait pas qu’il court, lui aussi, un danger immense qui lui sera fatal !
Mon avis :
Cinéaste à la carrière extrêmement prolifique pas toujours heureuse, capable du meilleur comme du pire, Jess Franco trouve avec « Le miroir obscène » un terrain d’entente propice à appliquer son style de la meilleure manière qui soit, aux confins du film érotique, du métrage de possession et du caractère étrange qui caractérise la majorité de sa filmographie…
L’actrice Emma Cohen irradie complètement la pellicule par son charme juvénile qui fait mouche auprès de tous les hommes qu’elle rencontre, mais elle semble désabusée et comme subissant les assauts sexuels de ses partenaires, ce côté ambivalent amplifie ainsi son mal être et sa bipolarité, rongée par le souvenir omniprésent de son père, qui revient lors de flashs atroces et incessants…
C’est ce levier de la vision du géniteur pendu qui alimente les crimes d’Ana, un peu comme si son père lui « ordonnait » par son autorité fantôme d’annihiler tous les hommes susceptibles de charmer la belle…
La mise en scène est parfaite, notamment sur des plans zoomés de toute beauté sur les paysages qui apparaissent à l’extérieur des fenêtres pour s’imbriquer sur les personnages lors de dialogues (technique souvent employée à cette époque), la vision d’Howard Vernon pendu est réellement terrifiante et sert de point d’orgue à l’intrigue, autant psychédélique qu’impliquant des protagonistes obsédés et dépravés…
L’idée du théâtre avec le personnage de Médée peut rappeler un peu le concept de « L’important c’est d’aimer » de Zulawski, tourné l’année suivante, la folie ambiante qui y règne fait référence au cinéma latin dont Jess Franco fait bel et bien partie…
NB : sur les conseils d’amis cinéphiles facebookiens, j’ai visionné la version espagnole, qui diffère totalement de l’histoire de la version française avec Lina Romay, qui supprimait des parties du scénario original (ce n’est pas le père mais la sœur d’Ana qui se suicide ! et le miroir, quant à lui, est bien le vecteur des poussées meurtrières d’Ana)…
Quoiqu’il en soit, «  Le miroir obscène » est une excellente œuvre, qui doit beaucoup à son atmosphère poisseuse et bien ancrée dans l’opulence et l’insouciance des années 70 (un côté « peace and love » même avec les artistes et leur musique groovy et psychédélique) tout en conservant l’aspect déviant propre aux films de Franco…
Dans l’ensemble, une grande réussite et un sans faute de la part d’Artus films pour l’édition double DVD…

Note : 8/10





1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je voudrais savoir qu'elle est la chanson écrite par Bruno Coquatrix qui est interprétée dans la version française de ce film.

    Cordialement.

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