dimanche 12 juin 2016

Gros dégueulasse de Bruno Zincone, 1985


GROS DEGUEULASSE

De Bruno Zincone

1985

France

Avec Maurice Risch, Jackie Sardou, Martin Lamotte, Florence Guérin, Pascale Roberts, Régis Laspales, Nathalie Galan

82 minutes

Comédie dramatique

D’après la bande dessinée de Reiser

Synopsis :

Banlieue parisienne, milieu des années quatre-vingts…

Un homme de forte corpulence gagne un séjour dans un pays touristique africain, il a été le client qui a acheté la milliardième boite de cassoulet d’une marque célèbre…

Très vite, son attitude grivoise voire graveleuse répugne les vacanciers et l’homme est mis dehors de l’hôtel où il séjournait…

De retour chez lui, le « gros dégueulasse » multiplie les outrances et les obscénités, notamment vis-à-vis des femmes, pensant pouvoir retenir leur attention…

Il fait une esclandre dans un restaurant alsacien, visite un zoo, va dans une halle commerçante et ses pérégrinations lubriques ne mènent à rien, sinon à susciter l’outrance de la part des quidams qu’il croise…

L’homme se pose des questions sur son existence, sur son devenir et multiplie les rejets des autres vis-à-vis de lui…

Un soir, assis à sa table, il se trouve désespéré…

Mon avis :

Le moins que l’on puisse dire c’est que le rôle et l’adaptation de ce personnage étaient loin d’être donnés à tout le monde et Maurice Risch s’en sort à merveille, donnant du relief et de l’empathie  à ce « Gros dégueulasse » version cinéma, il n’a peur de rien et la densité de son interprétation donne un côté dramatique, presque nihiliste au métrage…

Multipliant les séquences grivoises et les quiproquos libidineux, le « gros dégueulasse » est rejeté sans discontinuer, s’enfermant ainsi dans une misère sexuelle et affective qui le rend malheureux et dépressif, il garde peu d’espoir de fonder une famille ou d’avoir une femme et ce désarroi lui semble être insoluble, le film n’est pas qu’une comédie mais également une œuvre mélancolique et très noire, sur la condition des personnes victimes de l’exclusion, à l’instar des sans domiciles fixes ou des gens rejetés par la société…

Personnage iconique et repoussant, avec son slip kangourou sale, Gros dégueulasse repousse plus qu’il n’attire et la première moitié du film donne dans la franche rigolade voire l’hilarité (la scène de la piscine, les mains aux fesses à répétition, les vannes lourdes et sexistes), il ne faut surtout pas prendre « Gros dégueulasse » au premier degré mais « s’insérer » dans l’histoire, qui est aussi une peinture de la société de consommation des années quatre-vingts et de l’opulence de la France avant la crise…

Certaines séquences sont limites (la scène des flatulences) d’autres plus touchantes (le rêve avec le manège, le baby sitting), Maurice Risch y croit et se donne à fond, il propulse sa composition dans un niveau digne des plus grands et les loghorrées dont il fait preuve nous prouvent qu’il a un réel talent, presque théâtral…

Pléthore de pin-ups émaillent le film comme Nathalie Galan (ex playmate des années 1985/1986) ou Florence Guérin (comédienne aperçue dans « Le déclic » ou « Les prédateurs de la nuit » de Jess Franco), on y voit dans de petits rôles Pascale « Wanda de PBLV » Roberts ou Jackie Sardou en vendeuse de fruits et légumes dans un passage vraiment « Harakirien »…

Laspalès en agent de police et Martin Lamotte en maître-nageur contribuent à donner de la vigueur dans ce film où le temps passe vite et où on ne s’ennuie pas…

L’issue laisse un goût amer comme si tous ces excès n’avaient, au final, servis à rien, c’est l’esprit de Reiser où l’on rit parfois jaune dans toute sa splendeur…

Toutefois, « Gros dégueulasse » n’est pas à montrer à tous les yeux, malgré sa franchise de ton et son côté gouailleur totalement décomplexé…

Il s’adresse à un public de cinéphiles ouverts et sa marginalité totale pourra rebuter…

Note : 8/10



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