samedi 4 juin 2016

Le lauréat de Mike Nichols, 1967

LE LAUREAT
de Mike Nichols
1967
Etats-Unis
Avec Dustin Hoffman, Anne Bancroft, Katharine Ross, Buck Henry, William Daniels, Murray Hamilton
Comédie dramatique
106 minutes
Aka The graduate
Oscar du meilleur réalisateur
Musique de Simon et Garfunkel
Budget : 3 000 000 dollars
Recettes au box- office américain : 40 000 000 dollars
Synopsis :
Etats-Unis, Los Angeles, fin des années soixante…
Benjamin Braddock est un étudiant qui vient d’obtenir un haut diplôme, il se rend chez ses parents pour assister à une fête donnée en son honneur ; Madame Robinson, une femme d’une cinquantaine d’années, s’éprend de lui et alors qu’elle est ramenée par Benjamin à son domicile, elle le force à boire et lui dévoile son corps dans la chambre de sa fille, Elaine…
Benjamin est décontenancé et le mari de Madame Robinson surgit dans la maison, cela s’est joué in extremis, à quelques minutes près, il aurait surpris sa femme nue avec Benjamin !
De fil en aiguille, Madame Robinson et Benjamin sont amenés à se revoir et leur relation devient quotidienne, le plus souvent dans un luxueux hôtel de la ville, leurs ébats sexuels sont passionnés et vigoureux, au nez et à la barbe de l’époux Robinson…
Mais Benjamin tombe fou amoureux d’Elaine, la fille, qui elle-même, n’est pas insensible au charme du jeune homme et va très vite éprouver une passion pour lui…
Le jour où Elaine apprend que Benjamin a eu une liaison avec sa mère, tout devient plus compliqué et leur relation rompt, rendant malheureux Benjamin…
Mon avis :
Sur une trame classique voire conventionnelle (on a déjà vu moult fois des histoires d’amour impossible au cinéma hollywoodien), « Le lauréat » est un film sidérant au niveau de la technique qu’emploie Mike Nichols pour mettre en images ses séquences, si l’on ne devait retenir qu’une chose dans son métrage, à coup sûr c’est le côté graphique…
Et c’est sans doute pour cela que « Le lauréat » est devenu un classique instantané du cinéma d’outre Atlantique et un succès au box- office ; l’histoire est relativement schématique mais la forme et la mise en forme ont de quoi surprendre n’importe quel cinéphile, et les exemples se déclinent à la pelle, des dizaines (peut être une soixantaine) de trouvailles techniques émaillent le film (la séquence des cintres, la table basse où se reflète le couple, le début en plan fixe dans l’aéroport que Tarantino reprendra dans « Jackie Brown », Hoffman en homme grenouille filmé en plan subjectif, la sortie d’Elaine de l’université de Berkeley qui se fond entre les deux statues…)…
Dustin Hoffman (qui est doublé en français par Patrick Dewaere) accèdera à une notoriété planétaire avec « Le lauréat » et après ce début fracassant deviendra l’acteur que l’on sait ; Anne Bancroft en cougar névrosée (elle le dit elle-même) est parfaite, quant à Katharine Ross, elle a peut- être le rôle le plus difficile et s’en sort à merveille…
Baignant dans un climat pré Hippie, « Le lauréat » aborde de nombreuses thématiques comme le refoulement sexuel, la timidité maladive ainsi que la manipulation à travers la pérennité d’un couple et les rapports conflictuels amoureux…
Il y a une modernité dans la manière de filmer, d’appréhender les plans qui fait de ce film une œuvre unique en son genre ; outre le jeu des acteurs, il se dégage une grâce, une aura dans le découpage des scènes qui rend « Le lauréat » attachant même hypnotique…
La musique somptueuse de Simon and Garfunkel, avec son thème lacrymal, décuple le côté émotionnel du film et provoque quelque chose de difficile à décrire, comme une élégie (un peu comme à la fin de « Philadelphia » avec Tom Hanks)…
Déchirant et prenant, « Le lauréat » opte pour un dernier quart d’heure iconoclaste et délirant (le périple de Benjamin pour retrouver Elaine, alors que celle-ci se marie !), avec au final une sensation rassérénante et l’impression d’avoir passé un excellent moment de cinéma…
Tout cinéphile ne peut passer à côté de ce film, il y prendra forcément et irrémédiablement du plaisir, d’ailleurs Mike Nichols fut récompensé par un Oscar, qu’il n’a pas volé…
Sympathique, touchant, parfois triste, parfois gai, « Le lauréat » est devenu un classique et je vous encourage fortement à le visionner si ce n’est pas déjà fait…
Du haut-niveau !
Note : 10/10

Dédicacé à Frédéric




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