dimanche 31 juillet 2016

Les inassouvies de Jess Franco, 1969

LES INASSOUVIES
de Jess Franco
Espagne/Allemagne/Etats unis
1969
avec Christopher Lee, Marie Liljedahl, Maria Rohm, Jack Taylor, Anney Kaplan, Paul Muller, Ingrid Swenson
85 minutes
Film érotique
DVD édité chez Artus films
Musique de Bruno Nicolai
D’après l’œuvre du Marquis de Sade « Philosophie de boudoir »
Synopsis :
L’ile de Madère, 1969…
Eugénie de Mistival est une très jeune et superbe femme au sex appeal incendiaire, elle vit avec ses parents et a des rapports souvent conflictuels avec ces derniers, Eugénie aimerait s’émanciper et quitter son cocon familial qui lui pèse énormément, étant fliquée en permanence pour le moindre appel téléphonique par sa mère…
Un jour, Eugénie est contactée par Madame Saint Ange pour un séjour en villégiature dans une demeure luxueuse, sur l’ile de Madère…
Elle fait la connaissance du frère de son hôte, Mirvel, ainsi que d’Augustin et de Thérèse, la femme de chambre sourde et muette ; très vite Madame Saint Ange va pratiquer une « éducation sexuelle » à Eugénie, d’abord par des jeux saphiques, puis par l’entremise de Mirvel, des rapports de soumission et de domination par des parties carrées teintées de sadomasochisme…
Eugénie perd alors pied avec la réalité et a des visions cauchemardesques récurrentes, dans ses fantasmes oniriques elle se voit battue et fouettée brutalement par un homme, Dolmance, et sa horde, une bande de pirates dépravés…
Mirvel fait preuve de sadisme et de malveillance avec Eugénie, abusant d’elle, alors qu’un sombre complot semble se dessiner…
Eugénie serait-elle un prétexte au jeu incestueux entre Madame Saint Ange et Mirvel ?
Le personnage de Dolmance serait-il au final bien réel ?
Mon avis :
« Les inassouvies » est un des multiples métrages de la période « Sadienne » de Franco ; il s’approprie le mythe et les codes créés par le Marquis de Sade pour décliner ses obsessions et là, tout y passe : fétichisme (Franco filme comme personne les jambes de ses actrices), nudité appuyée et décomplexée, sadomasochisme, inceste (les deux protagonistes sont frère et sœur !), humiliations en tous genres, nous sommes en présence d’un film relativement extrême !
Le charme et l’aura dégagés par les deux actrices principales, Maria Rohm et Marie Liljedahl (une comédienne suédoise, Franco sait y faire pour le casting !), contribuent à la crédibilité du film et apportent un intérêt certain à cette histoire, où Franco a eu des moyens financiers beaucoup plus conséquents qu’à l’accoutumée, le résultat est net et l’originalité des « Inassouvies » se fait sentir dès le début, Franco nous gratifie de séquences « pop art » avec un rouge sanguin qui imprègne l’écran, renforçant le côté latin et « chaud » du film…
Avec une grande application, Jess Franco nous fait dérouler une trame fluide sur la lente descente aux enfers d’une jeune femme, il brise sa juvénilité pour en faire une victime, une femme souillée par la perversité à l’innocence qui vole en éclat, Franco ne prend aucun parti pris, ni pour les bourreaux ni pour la martyre, il reste neutre et la magie de son cinéma opère de telle sorte que le spectateur n’est ni pour ni contre les personnages, il essaie de comprendre jusqu’à un dénouement clair comme de l’eau de roche, l’explication finale est limpide et même amorale, puisque les « méchants » recommencent leurs forfaits…
La musique de Bruno Nicolai colle parfaitement à l’aspect vintage du film et nous transporte dans un environnement fait de luxe et de luxure, de stupre et de déviances…
Christopher Lee joue un rôle en dilettante et Franco, assez malin il faut l’avouer, l’a dupé puisque Lee refusait de jouer dans des films de nudité, le montage habile du film a fait le reste et on n’y voit que du feu, pensant que l’illustre acteur participe aux scènes de copulations ! Ce procédé n’est pas très honnête de la part de Franco et Lee lui en voulut très longtemps !
Quoiqu’il en soit, « Les inassouvies » est une grande réussite et un des meilleurs films de Franco, le rythme est alerte, les filles superbes et l’ambiance qui règne rappelle celle des meilleures productions érotico-horrifiques européennes où Jess Franco allait se spécialiser plus tard, en faisant son fonds de commerce…
Le DVD d’Artus films est encore une fois impeccable avec une très belle jaquette et des bonus où nous avons le plaisir de retrouver les très érudit Alain Petit qui nous apprend une mine d’or d’informations, connaissant la carrière de Jess Franco sur le bout des doigts…
En somme, du très bon travail pour un film inoubliable et qui fera date…
Une seule réserve cependant, un film à réserver aux personnes majeures à cause de son côté « extrême »…

Note : 10/10




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