samedi 23 juillet 2016

Les pieds dans le tapis de Nader Homayoun, 2015

LES PIEDS DANS LE TAPIS
de Nader Takmil  Homayoun
2015
France/Iran
avec Babak Hamidian, Golab Adineh, Michel Vuillermoz, Aurélia Petit
Comédie satirique
91 minutes
Téléfilm diffusé sur Arte
Synopsis :
Brive La Gaillarde, Téhéran, 2015…
Sader Farshtchi est un très grand industriel iranien qui a fait fortune dans la tapisserie, ses employés se retrouvent non payés suite à des chèques en bois de la majorité de ses clients, l’entreprise a une activité qui semble compromise…
Parvaneh, sa femme et Morteza, son fils, apprennent son décès dans un lieu pour le moins étonnant : Sader a fait un arrêt cardiaque dans le restaurant « Chez Francis » situé en Corrèze à Brive La Gaillarde !
Shirine, la femme de Morteza, communique avec son époux par SMS, alors que ce dernier et sa mère, devenue veuve, décident de se rendre en France pour rapatrier le corps du défunt…
Lors de leurs pérégrinations, ils font connaissance d’Aurore Rousseau, une éducatrice d’un centre pour autistes, et l’administration, particulièrement tatillonne, refuse de céder le corps de Sader à sa famille, sous prétexte de l’embargo entre l’Iran et la France…
Morteza se débrouille comme il peut et trouve une interprète asiatique qui pourrait l’aider dans ses démarches, celle-ci essaie de le séduire…
Un viticulteur de renom va dénouer ce problème car il est le frère du maire de la ville…
Parvaneh et Morteza parviendront-ils à rapatrier le corps du patriarche en Iran ?
Le couple Morteza/Shirine patira t-il de ces déboires administratifs et de la confiance entachée après l’escapade hexagonale de Morteza ?
Mon avis :
Auréolé de récompenses multiples au festival de Luchon en 2016, « Les pieds dans le tapis » est un téléfilm à part et à contre- courant des productions télévisuelles classiques, il se démarque de ses homologues par une finesse dans son scénario très subtil qui met en corrélation moult thématiques sur un ton humoristique et intelligent, évitant les clichés et les gags lourdingues pour se consacrer sur une trame inédite, un peu comme un pamphlet sur les rouages de l’administration et l’impossibilité à communiquer correctement…
Les acteurs (aussi bien iraniens que français) jouent à merveille et la bonhommie constante de l’histoire se suit avec le plus grand intérêt, nous assistons aux aventures d’une mère iranienne et de son fils venus en France avec un but précis (rapatrier le corps du père décédé) mais confrontés sans arrêt à des problématiques quasiment kafkaiennes, ici pas de violence, pas de racisme, mais un constat vu sur le ton de l’humour…
Nader Takmil  Homayoun fait tourner son film à cent à l’heure mais dégage une finesse de propos, une combinaison de situations qui rendent « Les pieds dans la tapis » proprement irrésistible, on rit de bon cœur devant ce déploiement de séquences jamais grossières et au final très touchantes…
L’administration française et ses contradictions et législations débiles en prend pour son grade avec une caricature des « mille feuilles » administratifs et Parvaneh et Morteza semblent bien démunis au départ pour établir une démarche, à priori banale, mais qui va se compliquer du fait du soi-disant « embargo » sur l’Iran, Homayoun joue de la bêtise de ces lois et codes administratifs et s’en sert de levier pour appuyer son humour qui évite la causticité et reste toutefois poli (ça aurait pu facilement partir en vrille !)…
Le personnage d’Aurore, l’éducatrice pour autistes, apporte une seconde jeunesse au film et donne un plus grand intérêt à l’aspect familial et au personnage du père qui s’exilait régulièrement en Corrèze…
Les scènes de pleurs des iraniens sont touchantes et justes mais ne virent jamais dans le pathos, pas de voyeurisme, personne ne surjoue, tout est crédible et réaliste…
Apportant une immense fraîcheur au panorama des téléfilms actuels, « Les pieds dans le tapis » est une grande réussite, œuvre intelligente, ouverte et sincère, il est rare d’avoir affaire à un téléfilm de cette qualité et de ce niveau à la télévision de nos jours…
A voir absolument…
Note : 9/10





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