mardi 27 juin 2017

Les démons de Jésus de Bernie Bonvoisin, 1997

LES DEMONS DE JESUS
de Bernie Bonvoisin
1997
France
avec Nadia Fares, Victor Lanoux, Elie Semoun, Marie Trintignant, Thierry Frémont, José Garcia, Yann Collette, Patrick Bouchitey
Chronique sociale
117 minutes
Synopsis :
Banlieue ouest parisienne, fin des années soixante…
Une famille de gens du voyage sédentarisés, composée de Jo, le patriarche, Rita, la mère, Jésus, René et Jeannot, les fils et Marie, la fille, caissière dans une supérette, végète à droite à gauche, dans un quotidien ponctué par l’alcool…
Jésus a pour habitude de fréquenter le bar « Chez Elvis », il traine sa solitude et refuse de s’intégrer ou de chercher un travail pérenne…
Seule Marie, sa sœur, travaille ; un jour Marie présente Mathilde, une de ses collègues, à Jésus, qui a le coup de foudre…
Le couple se revoit à la piscine et malgré des divergences et des engueulades, ils ne se quittent plus ; le frère de Mathilde ne supporte pas qu’elle traine avec un homme issu du milieu gitan, un jour, dans un bar, Jésus est passé à tabac par des complices du frère de Mathilde…
Marie s’habille hyper sexy pour sortir un soir, c’est alors qu’elle est violentée puis violée !
Ses deux frères décident de la venger et appliquent une justice manu militari qui mettra le feu aux poudres !
Mon avis :
Ancien chanteur du groupe mythique Trust, Bernie Bonvoisin s’essaie pour la première fois à la réalisation et bien, il a réussi son pari, « Les démons de Jésus » est un film savoureux pétri de répliques à la Audiard qui font mouche instantanément…
Le casting est de qualité et la direction d’acteurs tient bien la cadence, alternant comédie et moments plus solennels, la peinture de ce monde des gens du voyage juste avant la période de mai 1968 est séduisante et l’ensemble s’avère convaincant grâce à une reconstitution minutieuse et un rythme alerte…
Lanoux est imparable en patriarche alcoolique et même les jeunes acteurs inconnus du grand public s’en sortent à merveille (la dithyrambe du mouflet lors du repas est impressionnante et le tout en un seul plan !), Nadia Fares est très belle et son rôle de fille qui rêve d’un autre avenir est touchant, Elie Semoun n’a pas un rôle facile mais il sait y faire et donne de la crédibilité à son personnage, nous faisant oublier ses pitreries scéniques qui lui collent à la peau…
Vers la dernière demie-heure, le film bifurque totalement et nous offre presque un rape and revenge, Bonvoisin a visé juste et nous prouve qu’il peut changer facilement de registre tout en restant à l’aise dans sa conception de mise en scène, « Les démons de Jésus » n’est donc pas un film grotesque ou de gaudriole mais bel et bien une chronique sociale intelligente, pamphlet politisé (le final nous rend à cette évidence) et même une œuvre humaniste…
Nominé aux césars, « Les démons de Jésus » revigore le cinéma français de l’époque et s’inscrit comme un courageux témoignage de faire un cinéma « différent » loin des comédies prout prout qui pullulaient dans le panorama du cinéma hexagonal de la fin des années quatre-vingt dix…
Bonvoisin a osé secouer les conventions et son entreprise, outre le fait qu’elle soit burnée, est également le gage d’une grosse prise de risques…
Ceux qui s’attendaient à un film lourdingue en seront pour leurs frais, « Les démons de Jésus » est un métrage très malin et beaucoup plus doué qu’il n’y parait…
Une réussite incontestable à visionner absolument…

Note : 8/10




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