vendredi 30 juin 2017

BERNIE d'Albert Dupontel, 1996

BERNIE
d’Albert Dupontel
1996
France
avec Albert Dupontel, Hélène Vincent, Claude Perron, Roland Blanche
87 minutes
Comédie caustique décalée
Musique de Ramon Pipin et Noir désir
Nominé aux Césars pour la meilleure première oeuvre
Synopsis :
Région parisienne, milieu des années quatre-vingt dix…
Bernie Noël, un orphelin qui fut retrouvé dans une poubelle, quitte l’établissement de la DDASS à l’âge de trente ans ; il végète et cherche à retrouver la trace de ses parents ; de fil en aiguille il s’introduit illégalement dans les locaux de la DDASS et retrouve son dossier après avoir frappé une employée de ménage…
Ses pérégrinations le mènent chez Donald Willis, un vieil homme alcoolique en fauteuil roulant ; les deux hommes, à la recherche de la mère, pénètrent dans une maison bourgeoise, c’est le carnage ! à coups de pelle, ils tuent quasiment tout le monde !
Bernie tombe amoureux de Marion, une jeune toxicomane paumée et très belle…
Ils partent tous les deux dans un transformateur électrique et font l’amour ; après tous les meurtres, Bernie est recherché par les gendarmes…
Ces derniers parviennent à retrouver sa trace, un siège est alors mis en place…
Mon avis :
Film devenu instantanément culte à sa sortie, « Bernie » est un métrage très atypique qui hérite de la culture Hara Kiri créée par le Professeur Choron, Dupontel signe là une comédie foutraque totalement déjantée et parfois ultra violente avec des répliques inoubliables et des séquences gore qui font que « Bernie » n’est pas du tout un film tous publics (il a été interdit aux moins de douze ans à sa sortie, ce qui est tout à fait justifié)…
On adhère totalement ou… pas du tout ; Dupontel met les coudées franches dans la dérision et le délire, « Bernie » est un pétage de plombs filmique mais, par contre, on ne peut lui enlever l’aspect technique de ses plans séquences très bien réalisés (beaucoup de plans fixes sur les visages, des trouvailles insensées de cadrage, des « inventions », Dupontel a su transposer ses délires sur pellicule de manière virtuose !)…
« Bernie » offre au spectateur une galerie de personnages marginaux au plus haut point, décalés avec la société et pourtant crédibles et possibles d’exister dans nos banlieues (Dupontel n’occulte pas l’aspect réaliste de cette folie ambiante qui règne parfois, issue de la misère et du dénuement dans les zones urbaines où vivent les « laissés pour compte »), à ce titre, le personnage de Marion (extraordinaire Claude Perron), fille toxicomane et espoir de sortie pour Dupontel, est le vecteur du film, c’est ce protagoniste qui fait rebondir l’histoire et qui booste l’aspect onirique et métaphorique du film, qui culminera au final avec la scène de chevauchée ; Bernie semble voir en Marion le sens de son existence et peut être aussi son salut…
Incontestable réussite aussi bien visuelle que scénaristique (on ne s’ennuie pas et on suit avec plaisir les aventures de Bernie), le film a le mérite d’exploser les conventions des comédies françaises de l’époque et Dupontel a pris un sacré risque (c’est son premier film, financé en partie par Mathieu Kassovitz), l’histoire est hyper casse-gueule et avec un tel postulat, ce n’était pas donné à tout le monde de réussir, et bien Dupontel a aisément gagné son pari et acquis une renommée nationale, ses films suivants confirmeront son talent et la précision de son humour très particulier…
Pour les spectateurs les plus ouverts et qui n’ont pas froid aux yeux et pour les cinéphiles fans de curiosités, « Bernie » est un must be seen et la modernité dont fit preuve Dupontel lui permit d’accéder au rang de réalisateur, après celui de comique, de façon habile et talentueuse…
Les amateurs de cinéma comique déviant se régaleront et trouveront leur bonheur avec « Bernie »…

Note : 8.5/10





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