dimanche 27 mai 2018

Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, 1978


VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER
de Michael Cimino
1978
Etats-Unis
avec Robert de Niro, Christopher Walken, Meryl Streep, John Savage, John Cazale, George Dzundza
Guerre/chronique de moeurs
183 minutes
Blu ray édité chez Studiocanal
Primé 5 fois aux oscars
aka The deer hunter
Budget : 15 000 000 dollars
Synopsis :
Etats-Unis, en 1968, Clairton, une bourgade de Pennsylvanie…
Michael Vronsky, Nick Chevotarevich et Steven Pushkov sont des jeunes ouvriers qui travaillent dans la fonderie de la ville, la pénibilité de leur profession les font fréquenter le bar local où ils se saoulent ; ils s’adonnent à leur passion : la chasse au cerf et partent en virée dans la montagne, leurs expéditions sont souvent ponctuées d’engueulades mais cela reste de la franche camaraderie et les amis sont solidaires quoiqu’il arrive…
Ils sont d’origine russe et un mariage en grande pompe a lieu, avec, en même temps, un hommage aux trois hommes puisqu’ils doivent partir combattre au Vietnam…
Lorsque Michael, Nick et Steven découvrent l’horreur de la guerre, leurs vies vont basculer…
Prisonniers au bord d’une rivière par des vietcongs, ils ne devront leur salut qu’à une partie de roulette russe où ils parviendront à s’enfuir après avoir tué leurs geôliers…
Ce moment va leur laisser de graves séquelles traumatiques et seul Michael parviendra à rentrer aux Etats-Unis…
Linda, la femme de Steven, donne le numéro de téléphone de son mari à Michael ; Steven a été amputé des deux jambes et se retrouve en fauteuil (la chute qu’il avait fait de l’hélicoptère lui a cassé les jambes !) ; Michael se rend à l’hôpital où est soigné Steven, il y découvre des fortes sommes d’argent et il comprend que c’est Nick qui lui envoie, pour se dédouaner de son comportement ; Nick gagne cet argent en faisant des compétitions de roulette russe !
Devenu fou, Michael refait 1800 kilomètres et retourne à Saïgon pour sauver et extirper Nick de ce cauchemar…
Lorsqu’il arrive sur place, son indicateur, Julien, le guide dans un endroit secret : Nick est devenu un légume et a perdu tous repères !
La roulette russe va de pair avec la folie de Nick et Michael sera impuissant à l’en sortir…
Mon avis :
« Voyage au bout de l’enfer » est une claque immense et une leçon de cinéma, Michael Cimino a osé faire un film qui parle d’un sujet inexploré jusqu’alors dans le cinéma d’outre Atlantique : la guerre du Vietnam…
Il a fait emboiter le pas à des dizaines d’autres films après, mais c’est le premier réalisateur qui s’est risqué à ce qu’il faut bien dire, un sujet tabou au cinéma américain…
Son film divisa à sa sortie mais le propos de Cimino est sincère et juste, il tape dans le mille et son style cinématographique secoue autant les tripes que le mental ; ce trio de jeunes amis qui va se retrouver en plein milieu de l’atrocité d’une guerre absurde, les traumas irréversibles que celle-ci va engager, le prologue avec leur petite vie dans la classe ouvrière, le final bouleversant, tout est élaboré par Cimino de main de maitre, il touche au plus profond de notre cœur par une réalisation fluide, simple, réaliste et parfaite dans son timing…
On a l’avant, le pendant et l’après Vietnam, les acteurs et actrices sont tous parfaits et la technique des plans est magistrale, Christopher Walken a obtenu un oscar avec un rôle démentiel, il prouve qu’il est un immense comédien et explosera avec ce film ; De Niro et Meryl Streep sont incroyables de justesse, ils appuient par leur jeu l’atmosphère de cette petite ville de Pennsylvanie que Cimino choisit souvent de nous montrer de nuit avec les lumières de la fonderie qui illuminent le ciel, ces bars populaires où la bière et le whisky coulent à flots et aussi ce mariage typique russe qui rappelle les traditions, le prologue est heureux mais on ne sait pas encore ce qui nous attend !
On est directement dans la fange, dans l’excrément de la guerre avec l’arrivée au Vietnam, les corps mutilés, brûlés, les morts noyés, les rats, la crasse, la folie, tout est passé en rayon et Cimino a opté pour un ton hyper réaliste qui pourra décontenancer les plus sensibles, ça crie, ça hurle, ça pleure, rien ne nous est épargné pour nous montrer l’horreur de la guerre, Cimino a fait très très fort !
Si l’on tient le choc, il faut se dire que la seconde partie (celle de la guerre) sert de levier pour la troisième (le retour de De Niro dans sa ville et sa « mission » de retrouver Nick/Christopher Walken), les éléments scénaristiques des deux parties du film sont liés ; le point commun, c’est cette satanée roulette russe, qui nous vaudra des séquences glaçantes et proprement monstrueuses !
Très dur mais vraiment abouti, « Voyage au bout de l’enfer » est une invitation à un périple qui se passe sur trois heures, on ne voit pas le temps passer et la virtuosité de la mise en scène fait qu’une alchimie a lieu, on est tantôt fascinés, tantôt révulsés mais toujours subjugués par la grâce de la réalisation de Cimino, dont c’était seulement le deuxième film !
La musique entêtante avec le morceau de guitare, le chant « God bless America » autour de la table lors du final hallucinant, ont de quoi retourner les tripes, même des plus aguerris des spectateurs !
Les passages de chasse dans la montagne sont magnifiquement filmés notamment le plan avec le reflet de de Niro dans le lac, lorsqu’il surplombe un rocher, on a également un plaisir visuel en regardant le film…
Malgré les précautions sur la violence absolue de certaines scènes, « Voyage au bout de l’enfer » est un classique, un chef d’œuvre, qui s’est classé dans le palmarès des cent meilleurs films du cinéma américain, il est donc impératif de l’avoir visionné, le blu ray de Studiocanal est très correct donc sur ce support la qualité du film ne sera pas reniée…
Michael Cimino a signé là une bombe !
Note : 10/10

















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