dimanche 1 juillet 2018

La mariée sanglante de Vicente Aranda, 1972


LA MARIEE SANGLANTE
de Vicente Aranda
1972
Espagne
avec Alexandra Bastedo, Maribel Martin, Simon Andreu, Dean Selmier, Angel Lombarte, Maria Rosa Rodriguez
100 minutes
Film extrême vampirique fantastique
DVD édité chez Artus films
aka La novia ensangrentada
aka The blood spattered bride
Synopsis :
Une ville d’Espagne, au début des années soixante-dix…
Susan est une très jeune femme, elle vient d’épouser un aristocrate qui vit de manière aisée, le couple fête sa lune de miel en sillonnant des endroits luxueux ; arrivée dans un hôtel, Susan a une vision délirante et se voit attaquée puis violée par un inconnu qui se trouvait dans le placard de sa chambre, terrorisée, la jeune femme demande expressément à son mari de trouver un autre endroit pour leurs noces…
Finalement, Susan va loger dans la demeure familiale de son époux, un manoir proche d’une forêt…
Carole, une jeune adolescente, son père et sa mère, seront les hôtes de Susan ; le mari a un comportement étrange, après avoir défloré Susan (qui était vierge), il se montre violent avec elle, il la tire par les cheveux lors d’une ballade et lorsque celle-ci refuse ses avances, il devient très brutal…
Carole, la fillette d’une douzaine d’années, emmène Susan dans la cave du manoir ; c’est ici que sont stockées les peintures des ancêtres de la dynastie familiale, mais curieusement, seuls les portraits féminins restent au sous-sol, les toiles représentant des hommes sont, par contre, exposées au salon…
Susan est fascinée par le portrait de Mircala Karnstein, une des descendantes ; lors d’une promenade sur la plage, le mari de Susan découvre une femme nue enterrée sous le sable qui respire avec un tuba ; il l’extirpe de l’endroit où elle se trouvait et la ramène au manoir ; la jeune femme ne se souvient ni de son nom ni de son adresse !
Elle prétend être Carmila Karnstein et très vite, attire Susan…
Il s’agit en fait d’une succube, d’une vampire qui n’est autre que la descendante de Mircala, on reconnaît ces créatures au port inhabituel de leurs bagues, qu’elles mettent à l’envers…
Carmila et Susan vont d’adonner à des jeux lesbiens et Carmila, très perverse, va expliquer à Susan qu’elle doit tuer son mari avec un poignard car il représente le MAL, celui qui l’a privé de sa liberté, autrement dit de sa virginité…
Devenue totalement possédée, Susan exécute à la lettre les ordres de Carmila…
Un immense carnage va avoir lieu !
Mon avis :
CETTE CRITIQUE CONTIENT UN SPOILER
Tourné en plein pendant la période franquiste, cette « Mariée sanglante » est encore plus culottée si on la replace dans son contexte de la société espagnole et même européenne, c’est tout simplement un des films les plus extrêmes jamais sortis au cinéma dans les années soixante-dix, tout y est osé au plus haut point et il y a même un caractère féministe (la vengeance après la perte de la virginité) qui volera en éclats lors d’un final apocalyptique de folie SPOILER ON  où tout le monde y passe (sauf le mari) SPOILER OFF…
Vicente Aranda délivre une histoire méthodique et sexuée à outrance, et le personnage de Susan a un corps tout juste formé et un physique quasi pubère, tout comme le personnage de Carole qu’Aranda ose mettre dans le même panier que Susan et Carmila lors de l’épilogue ; « La mariée sanglante » est donc un film totalement amoral et immoral qui ne fait preuve d’aucune pitié et qui serait presque répréhensible, impossible à sortir de nos jours, avec des plans ultra déviants mais sublimés par une mise en scène parfaite…
Les décors (que ce soir l’intérieur du manoir ou la forêt où Susan fait des escapades) sont magnifiques, la scène de la volière avec les pigeons est remarquable et le rôle tenu par Simon Andreu, à la fois époux attentionné et monstre à la libido insistante, n’est vraiment pas donné à n’importe quel acteur, il s’en sort parfaitement…
Les passages de flashs cauchemardesques et délirants de Susan déstabilisent considérablement le spectateur qui se retrouve pris dans un étau, à la fois fasciné par la beauté juvénile de Susan et l’ambiance lubrique qui règne tout le long et apeuré par le personnage de Carmila, interprétée par la sublime Alexandra Bastelo…
Cette  relation saphique extrême va se muter en jeu sexuel vampirique entre les deux femmes jusqu’à ce que le mari découvre le pot aux roses et là ça barde grave !
La connotation fantastique se fera par le biais du poignard et des bagues mises à l’envers sur les doigts de la main et même la pauvre Carole (très bon jeu de l’actrice Maria Rosa Rodriguez) y aura droit, mise dans le même panier que les autres femmes alors qu’elle est innocente vu son âge…
Aranda pousse très loin dans le summum de l’immoralité et les cinéphiles fanatiques de déviance, d’insolite seront ravis !
On sent bien le côté « latin » comme pour les giallo italiens, l’Espagne rembarre ses homologues transalpins et prouve qu’elle aussi elle peut taper dans le mille et qu’elle en a tout à fait les capacités ; aussi Aranda ne copie personne et nous sort une œuvre sidérante et incroyable dont il faut bien dix minutes pour se remettre après le visionnage…
Une nouvelle fois, Artus films a superbement assuré en nous proposant ce film dans une édition DVD impeccable, avec une scène alternative dans les bonus ; il manquerait juste un bonus avec Alain Petit comme Artus films a l’habitude de nous proposer, mais ne soyons pas tatillons, l’ensemble est exceptionnel et c’est le moment ou jamais pour découvrir ce film extrême très rare, avec en plus une version française tout à fait honorable…
Tous ceux qui sont friands de films extrêmes ne pourront passer à côté de « La mariée sanglante », dans le genre, c’est un Must have total !
A visionner absolument !
Note : 10/10














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