dimanche 4 octobre 2015

Beau-père de Bertrand Blier, 1981

BEAU-PERE
de Bertrand Blier
1981
France
Avec Patrick Dewaere, Ariel Besse, Nicole Garcia, Nathalie Baye, Maurice Ronet, Maurice Risch
121 minutes
Chronique dramatique intimiste
Ecrit par Bertrand Blier
Edité en DVD chez studiocanal video
Synopsis :
France, banlieue parisienne, début des années 80…
Rémi, un trentenaire vit avec Martine, sa compagne depuis huit ans, il s’agit d’une famille recomposée, il y a Marion, une adolescente de 14 ans, au sein du foyer…
Martine décède brutalement dans un accident de voiture, le père de Marion arrive pour récupérer et ramener sa fille chez lui mais cette dernière est malheureuse avec lui et n’a qu’un seul souhait : rester auprès de Rémi…
Après une fugue, Marion s’installe avec Rémi, la jeune fille éprouve des sentiments très forts pour lui, aussi bien au niveau affectif que sexuel…
Refusant d’abord les avances répétées de Marion, Rémi finit par l’embrasser et couche plusieurs fois avec elle…
Mon avis :
« Beau-père » traite d’un sujet douloureux et délicat, très peu exploité au cinéma, du moins de cette façon, la pédophilie, mais Blier est malin et sensible, ici aucune outrance ni vulgarité mais une succession de saynètes simples dans des décors épurés et un jeu d’acteur respectueux et pudique…
Dewaere est habité par son rôle comme dans la plupart de ses films et la jeune Ariel Besse étonnante de professionnalisme et d’intelligence, il faut un grand courage pour endosser son personnage loin des lolitas décérébrées que l’on avait l’habitude de voir, elle représente Marion, le personnage central du métrage, celle par qui tout arrive, c’est elle le vecteur de l’intrigue et de cette histoire d’amour quasi impossible mais rendue attachante par un Blier au firmament…
Les seconds rôles sont à la fois distants et proches de Rémi, notamment le contrebassiste et son épouse ou les deux femmes qui apparaissent au début et au final du film (Nicole Garcia et Nathalie Baye, la veuve qui ouvrira les yeux de Dewaere et par conséquent le sauvera de sa relation folle avec Marion)…
L’escapade à Courchevel permet de confirmer l’amour fou entre Rémi et Marion, tour à tour passionné et d’une tentation quasi irréelle, Blier pose sa caméra et laisse aller ses personnages dans une lente mais efficiente love story insolite qui pourra encore de nos jours paraître déplacée voire illégale mais « Beau-père » n’est jamais un film obscène ou pédophile dans le sens « pornographique » du terme, c’est plus un drame passionnel où gravitent des protagonistes paumés et sans repères…
Le repère, justement, aussi bien pour le spectateur que pour Rémi, c’est Marion ; Rémi a tout perdu, sa femme, son travail de pianiste, il vit dans un environnement délétère qui n’a que peu de sens pour lui, et dès qu’il intègre le fait que Marion est amoureuse de lui, sa vie change mais heureusement pour la bienséance, de façon partielle et éphémère…
Ce n’est que lorsque sa raison regagne sa place et la rencontre avec Nathalie Baye que sa conscience reprend ses droits et qu’il retombe sur ses pieds…
Finement joué et assumé totalement par Bertrand Blier, « Beau-père » est une œuvre dérangeante mais à l’histoire suffisamment bien ficelée qui évolue en flux tendu par son côté scabreux mais qui demeure le témoignage d’un très bon cinéma, osé et talentueux…
Il faut être ouvert cinématographiquement pour le visionner mais « Beau-père » est une grande performance dramatique, à contre-courant du cinéma traditionnel, Blier a une nouvelle fois entrepris un pari risqué qu’il a gagné haut la main…
C’est le genre de metteurs en scène qui rend honneur au cinéma hexagonal, nous nous devons de le souligner…

Note : 9/10





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