jeudi 8 octobre 2015

BORDERLINE d'Olivier Marchal, 2014

BORDERLINE
d’Olivier Marchal
France
2014
Avec Bruno Wolkowitch, Jacques Perrin, Patrick Catalifo, Catherine Marchal, Laure Marsac
TV film
Polar
Diffusé sur France 2 le 7 octobre 2015
97 minutes
Synopsis :
Paris, au siège de la SRPJ, année 2013…
Willie Blain, un brillant commissaire se retrouve en garde à vue, il est soupçonné de recel de drogue, de complicité avec le milieu et d’homicide involontaire…
Le film retrace son parcours, de l’arrestation à son domicile devant ses enfants et son épouse, de son arrivée à la brigade des stupéfiants, de son interrogatoire avec sa hiérarchie, sa garde à vue est vécue comme une humiliation lui qui était un élément brillant, ses interlocuteurs restant inflexibles et souhaitant remonter avec la filière mafieuse coûte que coûte…
Le directeur de la cellule, Monsieur Dahan, est acculé par le ministre de l’intérieur et souhaite obtenir des résultats très vite, la condamnation de Blain semblant inéluctable…
Lui et son collègue, autre éminent policier, étaient sur écoute téléphonique depuis près de deux ans, l’étau se resserre sur les deux hommes de façon implacable…
Un des flics sort de garde à vue Noella, une hôtesse du Cindy club qui est également la maitresse de Blain, cette dernière se tranche les veines avec un couteau volé dans une brasserie…
L’issue pour Blain sera bien pire que ce qu’il avait escompté…
Mon avis :
« Borderline » est inspiré d’une histoire vraie, celle du commisaire Neyret, impliqué dans une fraude gigantesque et d’un abus de pouvoir qui l’ont poussé à se mettre en relation complice avec des truands du milieu, le deal est simple, il « arrose » des truands soit par le biais de versement d’argent ou par des détournements de drogue, afin de pouvoir obtenir des informations cruciales pour ses enquêtes, ces pratiques sont illégales mais répandues au sein de la police nationale…
Partant de ce postulat, Olivier Marchal déploie son inventivité et son expérience personnelle pour réaliser un métrage rude et réaliste où il n’occulte quasiment rien de ce qu’il a pu voir lors de son passage comme policier auparavant, « Borderline » bénéficie de dialogues carrés et d’une mise en scène froide parfois mélancolique ou poignante (le poème récité par la fille de Blain à la fin du film m’a fait éclater en sanglots !)…
Humain avant tout, Olivier Marchal, à l’instar de ses précédentes réalisations, garde toujours sa verve et sa sincérité à mettre en scène des séquences tendues et efficientes, moins condescendantes que rentre dedans, l’ensemble conserve alors une grande unité, à la fois spatiale et psychologique…
Le portrait peint de Frank Serpico érigé au mur du bureau de la divisionnaire met directement le spectateur dans le bain, la police doit être irréprochable quoiqu’il en soit et la recherche de la culpabilité de Blain  sera impitoyable et sans failles, toute personne qui baigne dans l’illégalité payera pour ses forfaits, quel qu’il soit et Olivier Marchal fait bien ressentir cette condition, remontant la vie de Blain, agrémentée de flashbacks récurrents, comme la perte de l’un de ses collègues lors d’une intervention musclée avec des braqueurs qui tourne à l’hécatombe…
Certaines scènes sont touchantes et décalées (la naissance du fils de Blain à la maternité, sa rencontre avec son collègue des STUPS) mais aussi d’une noirceur nihiliste propre au cinéma de Marchal (le motard à la scène finale, impénétrable et glaçante !)…
Encore une fois, Olivier Marchal nous assène un uppercut avec « Borderline », polar de grande gravité et de haut niveau, il nous emmène pour un voyage aller simple dans les méandres d’une justice implacable et méthodique et pousse très loin dans le cinéma vérité presque documentaire…
On sort de « Borderline » assommé et secoué, cela devient bien la marque de fabrique de Marchal, grand réalisateur qui nous réconcilie irrémédiablement avec le cinéma français moderne…
A visionner impérativement, à la fois intéressant pour l’histoire qu’il décline que pour sa mise en forme graphique…

Note : 10/10






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