jeudi 1 octobre 2015

Sur les quais d'Elia Kazan, 1954

SUR LES QUAIS
d’Elia Kazan
Etats-Unis
1954
Aka On the waterfront
Avec Marlon Brando, Eva Marie Saint, Karl Malden, Rod Steiger, Lee J. Cobb
108 minutes
Chronique sociale dramatique
Huit Oscars en 1954 dont celui du meilleur film
Lion d’argent à la Mostra de Venise
Musique de Leonard Bernstein
Budget : 910 000 dollars
Recettes aux Etats-Unis : 9 600 000 dollars
Synopsis :
Port de New York, années 50…
La firme maritime AFL-CIO régit l’intégralité des docks de la ville, elle est dirigée par Johnny Friendly et son adjoint Charley Malloy, deux syndicalistes aux méthodes assez expéditives et peu diplomates, ils exploitent les dockers, pauvres bougres qui ne demandent qu’à gagner un peu d’argent pour vivre et qui sont traités comme du bétail lors des « propositions » matinales d’embauches qui ne leur garantissent pas forcément un salaire fixe et une activité pérenne…
Dans ce microcosme paupérisé et souvent alcoolisé, Terry, le frère de Charley, provoque à son insu un meurtre, celui de Doyle, un employé du port qui devenait gênant pour les affaires de la AFL-CIO, ce dernier est poussé d’un toit et se tue en tombant…
Edie Doyle, sa sœur, une jeune femme blonde, ne se remet pas du décès de son frère et veut percer le mystère de sa mort, c’est un combat de David contre Goliath !
Le père Barry, le pasteur de la bourgade tente de ramener l’ordre, alors que Terry tombe fou amoureux d’Edie, il se retrouve entre le marteau et l’enclume et devient très vite la cible de Friendly, accusé et considéré comme un « mouchard »…
Les deux hommes n’ont plus qu’une seule issue : en découdre manu militari !
Mon avis :
Tourné en pleine époque du maccarthysme, le film établit une polémique, certains y voyant un film anti syndicat, alors qu’il s’agit avant tout d’une fresque humaine, d’un pamphlet social mettant en lumière la vie des dockers de l’époque, à l’instar de ce qu’était « Germinal » pour les mineurs…
La dangerosité de leurs tâches (certains peuvent y laisser la vie) vient se greffer sur une histoire sordide de meurtre, commanditée par des dirigeants syndicalistes sans scrupules, « Sur les quais » préfigure vingt quatre années avant le film « FIST » avec Sylvester Stallone et le mode opératoire scénaristique y est quasi identique, la technique visuelle en plus value…
Brando est réellement attachant avec son visage d’ancien boxeur, les paupières boursouflées et la carrure solide et son histoire d’amour (Eva Marie Saint, dont c’est le premier rôle au cinéma, crève littéralement l’écran !) semble autant impossible que dangereuse…
Ponctué de séquences cultes parfois insolites (la pigeonnière, la scène nocturne de la poursuite avec la voiture, le début lunaire en prélude au meurtre), « Sur les quais » est doté d’une charpente scénaristique qui retient l’attention du spectateur et bénéficie d’un rythme entre les plans qui force le respect…
Troisième collaboration entre Elia Kazan et Marlon Brando, « Sur les quais » est également le seul film « hors comédie musicale » où Leonard Bernstein a apporté sa contribution, la musique est magique et amplifie bien le rendu voulu par Kazan, à la fois pour les séquences dramatiques que pour les passages romanesques (la liaison de Terry avec Edie)…
Magnifié par la prestance imparable de tous les comédiens (y compris les seconds rôles), « Sur les quais » devint instantanément un classique, le public et la critique ne s’y trompant pas, le film a glané pas moins de huit oscars et fut un immense succès…
D’une force politique et sociale encore d’actualité de nos jours, « Sur les quais » pose et transpose des antagonismes qui gravitent sur les thématiques de la loyauté, de l’argent, de la volonté de s’en sortir et la justification d’un amour…
Malgré les années, la modernité de ce métrage reste intacte et Kazan reste un grand visionnaire, humainement et dramaturgiquement parlant…
A visionner pour comprendre l’essentiel du cinéma américain des années 50…

Note : 10/10





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