samedi 31 octobre 2015

Le venin de la peur de Lucio Fulci, 1971

LE VENIN DE LA PEUR
de Lucio Fulci
1971
France/Italie/Espagne
Aka Carole aka les salopes vont en enfer aka Schizoïd aka Una lucertola con la pelle di donna aka Woman in a lizzard’s skin
Avec Florinda Bolkan, Anita Strindberg, Jean Sorel, Stanley Baker, Silvia Monti, Alberto de Mendoza, George Rigaud
Giallo onirique
103 minutes
Edité en blu ray chez Le chat qui fume éditions
Synopsis :
Angleterre, début des années 70…
Carole Hammond, fille d’un avocat notoire, a un suivi psychiatrique avec le docteur Kerr, la femme a des accès de névrose lors de rêves récurrents où elle se voit avec une autre femme la poignardant, elle restitue le déroulé de ses rêves au médecin qui tente d’analyser l’impact sur son subconscient…
Sa voisine, Julia Durer, une actrice, est retrouvée tuée dans son appartement, Hubert et Jenny,  deux hippies toxicomanes, sont suspectés d’être les coupables…
La police enquête et une empreinte de doigt retrouvée sur le coupe papier qui a été utilisé pour le crime s’avère être celle de Carole, celle-ci est appréhendée…
Libérée sous caution, Carole est traquée par Hubert qui la suit jusque dans une église moderne désaffectée, tel un psychopathe, il jure d’avoir sa peau et la terrorise…
Mon avis :
Incursion dans le giallo pour Fulci, « Le venin de la peur » se démarque de ses homologues par le côté appuyé sur l’onirisme présent surtout dans la première moitié du film, ce qui permet à Fulci de l’utiliser comme levier pour son intrigue, renvoyant la pathologie de son actrice principale à la schizophrénie et brouillant ainsi les multiples pistes de l’enquête…
Cette fois, tout a été conçu au niveau technique pour en mettre plein la vue et le résultat est surprenant en tous points !
Zooms, cadrages, mouvements de caméras, sauts du coq à l’âne, le spectateur est en perpétuelle ascension visuelle pour un cinéma révolutionnant et explosant les bases du genre !
« Le venin de la peur » est à Lucio Fulci ce que « Citizen Kane » est à Orson Welles, une recherche perpétuelle de création doublée d’une mise en forme imparable et stylée…
Certains passages font vraiment peur mais pas cette peur habituelle aux films de genre de l’époque, une peur fabriquée par l’INSOLITE de situations, par la vision effrayante de plans séquences obnubilant ou glacials, le tout teinté d’un érotisme déviant et bizzaroïde qui met plutôt mal à l’aise…
Prouvant une énième fois son talent et son sens de la recherche cinématographique, Fulci expérimente à sa sauce des innovations qui feront date, que ce soit dans le fond ou dans la forme, dirigeant de main de maitre des actrices habitées par leur rôle et déployant un charisme qui va plus loin que le simple envoûtement, le résultat est subjuguant !
Aucune esbroufe, pas de vulgarité mais une finesse et une intelligence dans l’ensemble avec une histoire passionnante du début à l’issue, maitrisée avec application par un Fulci qui signe ici son métrage le plus abouti techniquement parlant, il se surpasse comme dans « La longue nuit de l’exorcisme », « Le venin de la peur » fait aisément partie du trio de tête de ses trois meilleurs films…
Fulci utilise également pas mal de peurs viscérales (l’attaque des chauves-souris, la vision des chiens décharnés, le duo de toxicos qui ferait peur à une couvée de singes…) et s’emploie à styliser avec harmonie des séquences majestueuses d’intensité (le gros plan sur la rétine de Carole, le cœur suintant du sang, l’orgue qui fait surgir la musique, la porte qui s’enfonce avec des zooms rapides qui tapent)…
Une œuvre majeure rendue visible au grand public par une splendide édition DVD/BLURAY édité chez les éditions « Le chat qui fume », ce film réconciliera les cinéphiles friands de raretés et les esthètes du cinéma d’auteur…
Immanquable !

Note : 10/10







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