dimanche 18 octobre 2015

Plaisir à trois de Jess Franco, 1974

PLAISIR A TROIS
de Jess Franco
France/Espagne
1974
Avec Alice Arno, Lina Romay, Robert Woods, Howard Vernon, Tania Busselier
Film érotique
84 minutes
Edité en DVD chez Artus films
Synopsis :
Une ville de la péninsule ibérique au début des années 70…
Martine de Bressac, une jeune femme, a passé une année entière dans un institut psychiatrique, le médecin, après l’avoir reçue lors d’un ultime entretien, lui signifie sa sortie définitive, Mathias, le majordome de la richissime femme, conduit Martine à son domicile, un luxueux manoir situé à la périphérie de la ville…
Dans ce lieu cossu vivent Charles, l’époux de Martine, Malou, le jardinier et Adèle, une très jeune femme sourde et handicapée mentale…
Charles, Adèle et Martine se livrent à des « jeux » érotiques avec copulations et caresses, Malou, quant à lui, est devenu fou depuis qu’il a été témoin de la mort d’un évêque qui a chuté de son piédestal et s’est fracassé le crâne sous ses yeux…
Pour pimenter leurs jeux pervers, Charles et Martine ont « repéré » lors d’une séance d’onanisme, une fille de vingt et un ans, Cécile, qu’ils supposent encore vierge…
Par un subterfuge, ils obtiennent du père de Cécile que cette dernière séjourne au sein du manoir…
Dépravations diverses seront légions durant la visite de Cécile jusqu’à une issue pour le moins inattendue qui vérifie pleinement l’adage « tel est pris qui croyait prendre »…
Mon avis :
Comme d’habitude dans la plupart de ses films, Jess Franco pousse à maxima dans ses expérimentations les scènes sulfureuses, ici, « Plaisir à trois » ne déroge nullement à la règle et entérine les codifications créées par Franco lui-même, dans ce métrage, on peut aisément dire qu’il s’est surpassé en faisant totale référence aux ouvrages du Marquis de Sade, le projet lui tenait à cœur depuis très longtemps et Franco s’applique dans sa démarche de retranscription de nombreuses perversions, comme le voyeurisme, le sadomasochisme, le triolisme, l’onanisme et la dépravation par droit de cuissage…
La nudité est par conséquent omniprésente et, même si la qualification aurait presque pu être adaptée, « Plaisir à trois » ne se considère pas comme un film pornographique dans le sens où l’intrigue érotique sert de levier à une histoire de machination machiavélique proche du fantastique…
La demeure joue un rôle prépondérant dans le film, notamment lors de plans esthétiquement formidables dotés d’éclairages que n’aurait pas renié Mario Bava et un soin certain est donné aux mouvements de caméras, notamment lors d’alternances plans fixes/zooms en gros plans/vues d’ensembles…
Trois faux raccords sont à déplorer, la scène de voiture au début (Vernon met une trentaine de secondes à répondre à la demande d’Alice Arno), l’arrivée de Martine avec Adèle sur le perron sortie du manoir et le plan suivant sortant de la porte d’entrée ( !) et l’incroyable séquence de jeu « défi » où Adèle se lève promptement lorsqu’on prononce son nom, sauf qu’elle est censée être sourde ! (lol)
Le final fait preuve d’un radicalisme surprenant et floue tout le monde, à commencer par le spectateur, dans l’ensemble « Plaisir à trois » est un divertissement érotique honnête et multiplie les séquences excitantes tout en cadrant bien la démarche scénaristique qui s’avère méthodique et redoutable !
L’édition d’Artus films est encore une fois un sans fautes et pour tous les aficionados fans de Jess Franco, le DVD est inespéré…
Encore une fois, « Plaisir à trois » est un grand Franco, témoignant de son talent et mettant en lumière l’une des multiples facettes de ce réalisateur marginal et marginalisé à tort, il possède un style inouï que beaucoup de cinéphiles pourront apprécier sans nul doute…

Note : 8/10




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