dimanche 30 octobre 2016

La baie sanglante de Mario Bava, 1971

LA BAIE SANGLANTE
de Mario Bava
1971
Italie
avec Claudine Auger, Nicoletta Elmi, Luigi Pistilli, Laura Betti, Claudio Camaso, Leopoldo Trieste, Isa Miranda, Chris Avram, Giovanni Nuvoletti
Slasher
80 minutes
Musique de Stelvio Cipriani
aka Bay of blood
aka Reazione a catena
Edité entre autres en DVD chez TF1 vidéo et Carlotta films
Synopsis :
Un village côtier d’Italie, près d’une baie, au début des années soixante-dix…
Frank Ventura, un homme arrogant et vénal, se borne à vouloir acquérir le manoir des Donati, une riche famille dont la comtesse Federica, une vieille dame invalide, lui refuse sans cesse les propositions…
Celle-ci est violemment attaquée un soir puis pendue alors que son agresseur est poignardé à mort à son tour et ce, de façon simultanée !
Brunhilda, une jeune fille blonde faisant partie d’un groupe de jeunes fêtards, se baigne nue dans le lac de la baie, elle découvre, horrifiée, un cadavre qui n’est autre que celui du père Donati !
Une succession de morts violentes va déferler sur ce lieu idyllique alors que Paolo Fossati, un spécialiste des insectes, semble être le coupable idéal, sa femme Anna paraissant énigmatique et aux pratiques curieuses…
Paolo sera finalement tué ! Ce qui brouille les pistes et fait que personne n’a plus confiance en personne, l’acquisition du manoir et de facto de la propriété de la baie, restant la principale motivation du (ou des ?) tueur(s)…
Renata, Albert, Simon, trois autres protagonistes, sont mêlés de près ou de loin à cette sordide et sanglante affaire…
Un final particulièrement nihiliste va achever toutes les probabilités et toutes les chances pour les meurtriers d’acquérir la baie !
Mon avis :
« La baie sanglante » est un film très important dans la carrière de Mario Bava, en effet, il casse et fait exploser toutes les conventions qu’il avait établies dans son cinéma pour accoucher d’un pré-slasher vintage aux confins du giallo et du film gore (les séquences sanguinolentes abondent dans « La baie sanglante »), ici Bava abandonne le style gothique qui fit sa renommée et se concentre sur une intrigue policière ponctuée de fulgurances horrifiques et déclinée par des personnages stupides et propices à se faire dézinguer (exactement comme pour la série des « Vendredi 13 » où le spectateur jouit d’assister à ces meurtres de protagonistes débiles et têtes à claques)…
Bava se lâche totalement et semble se moquer du prétexte vénal de la baie, en fait il reprend texto le scénario de « L’île de l’épouvante » dont il était mécontent et change la formule chimique de ce film par l’acquisition du manoir, tout le reste est idem, mais Bava rajoute la sauce au niveau brutalité et sexe : « La baie sanglante » est une version plus appuyée en méchanceté que « L’île de l’épouvante », Bava avait des impératifs et devait contenter un public planétaire (dont le Japon) friand de violence et de sexe…
Le résultat est donc très impressionnant et déjà précurseur du genre, puisque la scène légendaire du pic planté dans le corps du couple qui copule sera repris par la suite dans un segment de "Vendredi 13 », le gore est très graphique dans « La baie sanglante » et les trucages très efficaces (la serpe longiligne plantée en pleine face, la décapitation en gros plan, le meurtre hyper glauque lors du prologue)…
Voulant volontairement déstabiliser le spectateur, Bava agrémente son métrage de séquences dégoutantes (la pieuvre qui se meut sur le cadavre) mais aussi bien perverses (l’œil du voyeur derrière les lattes du mur en bois) et le côté « peace and love » des jeunes (mention à la blonde qui nage nue dans la baie) est explosé par la bestialité des crimes effectués par les monstres tueurs…
Tout est décomplexé et en roue libre dans « La baie sanglante » et le scénario labyrinthique (ils ont été plusieurs à l’écrire !) fait que quelques fois le spectateur peut s’y perdre, il y a énormément de rebondissements, ça n’arrête pas, Bava invente le whodunit tonique que « Scream » reprendra vingt- cinq ans plus tard !
Une nouvelle fois, Mario Bava étonne le cinéphile et déploie toutes les cartes de son talent pour faire s’envoler le genre, un simple giallo/slasher devient un chef d’œuvre dès qu’il passe entre ses mains, comme si la magie de son génie transformait le banal en exceptionnel, l’anodin en inoubliable…
« La baie sanglante » est à marquer d’une pierre blanche dans la filmographie et régénère sa marque de fabrique, prouvant qu’il est capable de se diversifier tout en continuant à contenter son public de façon très sincère et plus accessible à ceux qui ne connaissaient pas son cinéma…
Tous les DVD existants sont de bonne qualité et « La baie sanglante » s’impose comme l’une des œuvres les plus majeures du Maestro, il est donc fondamental de l’avoir visionné…

Note : 10/10





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire