mardi 13 février 2018

Les invasions barbares de Denys Arcand, 2003


LES INVASIONS BARBARES
de Denys Arcand
2003
Québec/France
avec Marie-Josée Croze, Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman, Louise Portal
Drame
99 minutes
Budget : 5 000 000 dollars canadiens
César 2004 du meilleur film et du meilleur réalisateur
Cannes 2003 prix du meilleur scénario
Oscar 2004 du meilleur film étranger
Synopsis :
Montréal, début des années deux-mille…
Rémy, un homme d’une cinquantaine d’années, est hospitalisé pour un cancer, l’hôpital dans lequel il est soigné souffre d’un manque de moyens et les malades des urgences dorment dans des couloirs, Rémy, quant à lui, partage sa chambre avec d’autres patients…
Son ex- femme, Louise, est au début, la seule à son chevet, mais devant la progression de sa maladie, elle prévient en urgence son fils Sébastien, un riche ingénieur expatrié en Grande Bretagne, qui accoure voir son pauvre père ; les deux hommes étaient fâchés et ne s’adressaient guère la parole, mais là, devant la situation bien particulière, des liens se retissent entre eux…
La maladie progresse inexorablement et c’est maintenant les métastases qui atteignent le cerveau de Rémy ; Sébastien donne des pots de vins à des infirmiers et des membres syndicalistes des services techniques de l’hôpital pour qu’on aménage à Rémy une chambre seule, neuve, à l’étage inférieur où il se trouvait…
Puis c’est Pierre, Dominique, Claude et les autres amis de Rémy qui lui rendent visite, ils se remémorent les souvenirs de moments joyeux passés ensemble ; Rémy ironise sur ses multiples conquêtes féminines, ses amis lui apportent de bons petits plats…
La souffrance due à la maladie est telle que Sébastien parvient à se procurer de l’héroïne et la fait fumer à Rémy pour atténuer ses douleurs…
En phase terminale de son cancer, Rémy décide de finir ses jours dans sa maison de campagne, entouré de ses plus fidèles amis et de sa famille…
Un voyage sans retour vers le ciel le guette…
Mon avis :
Second film d’un triptyque initié par le célèbre « Déclin de l’empire américain », « Les invasions barbares » est un film à la tonalité mélancolique souvent désamorcée par des moments de gaité et servie par de très grands comédiens qui jouent juste, Denys Arcand ne prend jamais le parti pris du pathos ou du larmoyant mielleux et choisit plutôt  de nous montrer une « tranche de vie » par le biais d’un homme atteint d’une grave maladie…
Arcand mêle des thématiques comme les conflits intergénérationnels (la relation difficile père/fils), la vie en hôpital, la franche amitié et les soins palliatifs face au cancer ; le metteur en scène joue sur la corde avec justesse malgré un élément scénaristique impossible et pas du tout crédible (l’homme malade, Rémy, est en phase terminale d’un cancer, il devrait être amaigri, dénutri et au teint malade, or, dans le film il n’en est rien ! l’acteur est de forte corpulence, parle distinctement, rigole avec ses amis, c’est une erreur grave de la part d’Arcand car cette incongruité dessert complètement son film !)…
Si l’on passe outre  ce gros problème de crédibilité, on peut se laisser porter par ces « Invasions barbares », le titre fait référence aux terroristes du 11 septembre 2001 et on peut aussi voir dans le terme « invasion » celle du cancer qui ronge le corps de Rémy avec pour seule issue possible, la mort…
Le personnage du fils incarné par Stéphane Rousseau est bouleversant, il fait des pieds et des mains pour « améliorer » le confort de son père et ce, dans un climat difficile ; le fils ira même jusqu’à braver la loi pour trouver de l’héroïne à son père afin que celle-ci atténue ses souffrances dues à la maladie…
« Les invasions barbares » est un très beau film, Denys Arcand sait manier sa caméra (le début est sidérant avec cette entrée dans les couloirs des urgences de l’hôpital) et la poésie ambiante règne tout le long du métrage (Arcand choisit de nous montrer le ciel pour nous faire deviner la mort de Rémy, ce plan est magnifique !)…
Joué de façon juste et au déroulement des plans très fluide et assez courts (Arcand utilise beaucoup de fondus au noir), « Les invasions barbares » nous laisse un sentiment rassérénant et ému, Denys Arcand choisit la manière frontale dans la comédie dramatique mais refuse de choquer le spectateur comme beaucoup d’autres réalisateurs auraient pu tomber dans ce piège…
Sur un sujet hyper casse gueule, Denys Arcand s’en sort parfaitement et son film est une petite merveille ; il a obtenu beaucoup de récompenses (Oscar, Césars) et fit sensation au festival de Cannes en 2003, ces distinctions sont amplement méritées…
Quasiment un film d’auteur, « Les invasions barbares », outre la qualité cinématographique qu’il déploie, séduira facilement les cinéphiles fans de beaux films ou le public habitué aux comédies dramatiques qui évitent la vulgarité, dans l’ensemble, on a là une des meilleures productions que le cinéma québecois nous ait offerts depuis des lustres, les films venant de ce pays sont tout de même plutôt rares donc il ne faut pas bouder « Les invasions barbares », c’est un film immense à encourager fortement !
Note : 9/10









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