lundi 22 août 2016

Assassin(s) de Mathieu Kassovitz, 1997

ASSASSIN(S)
de Mathieu Kassovitz
1997
avec Michel Serrault, Mathieu Kassovitz, Mehdi Benoufa, Nicolas Boukhrief, Hélène de Fougerolles, Danièle Lebrun, Robert Gendreu
Etude de mœurs
127 minutes
Scénario de Nicolas Boukhrief et Mathieu Kassovitz
Présenté au festival de Cannes 1997 où il fit scandale
Interdit aux mineurs lors de sa sortie en salles
Synopsis :
Une ville de la banlieue parisienne, années quatre-vingt-dix…
Maximilien Pujol, un jeune homme, a un quotidien désabusé, il vit avec sa mère qui gagne sa vie en faisant des travaux de couture ; Max commet des larcins et fume du cannabis régulièrement, un soir il fait connaissance de Monsieur Wagner, un vieil homme, qui est en fait un tueur à gages…
Très vite, Wagner obtient la confiance de la mère de Max et propose de prendre ce dernier comme « assistant », Max, ne sachant trop que faire, accepte…
Monsieur Vidal, un vieil homme, voisin de Max, sera la première victime du duo maléfique lors d’une nuit atroce où il sera torturé puis abattu d’une décharge de fusil de chasse…
Max semble hypnotisé et terrorisé par Wagner, qui va s’immiscer en lui lors d’autres meurtres crapuleux…
Mehdi, un adolescent ami de Max, se retrouve mêlé aux meurtres en séries de Wagner après que Max l’ait entrainé involontairement lors d’un accident de scooter…
Apprenant ceci, furieux, Wagner abat Max !
Il va jeter son dévolu sur Mehdi et en fera un disciple de la mort, l’issue sera terrible !
Mon avis :
Film polémique, « Assassin(s) » est avant tout une œuvre prémonitoire sur le pouvoir des images et sur l’impact de ces dernières sur la jeunesse en perte de repères ; très sombre et ponctué de fulgurances ultra violentes, « Assassin(s) » est donc un film choc, qui pourra faire quitter le visionnage aux spectateurs, surtout à cause d’une scène atroce et profondément dérangeante (la torture puis la mise à mort d’un pauvre octogénaire qui n’avait rien demandé à personne), ce passage s’avère particulièrement douloureux à regarder mais il faut continuer la vision du film car il est réellement intéressant…
Kassovitz utilise des techniques de filmages par le plafond, exactement comme Scorsese avec « Taxi driver » ; la télévision est l’élément moteur d’ »Assassin(s) », elle apparaît régulièrement comme partie intégrante, comme un « personnage » du film ; Serrault a vraiment un rôle de pourri, il est incroyable et empreint d’une folie que seuls les plus grands des acteurs savent retranscrire à l’écran…
Kassovitz passe le relais à Mehdi Benoufa, jeune garçon, qui s’implique consciencieusement dans son personnage et malgré son jeune âge, il est crédible…
Kassovitz se lâche complètement dans la caricature du sitcom (dix minutes avant la fin du film) avec une dénonciation sous forme de pornographie de la connerie de ces feuilletons qui pullulaient à l’époque (« Hélène et les garçons », notamment)…
Extrêmement glauque par instants, la violence barbare d’ »Assassin(s) » se désamorce par un humour très noir (la publicité pour les tampax juste après la mort du vieil homme) ; le cannabis est omniprésent dans le film ainsi que la misère sociale ; la scène de l’accident de scooter est parfaitement bien réalisée et très réaliste, filmée quasiment en un seul plan, il fallait le faire !
Le passage dans la discothèque « Métropolis » donne un côté paroxystique au catharsis de Wagner et dès le début de sa rencontre avec Max, on sent qu’il fascine le jeune homme autant qu’il le révulse, cette ambivalence dans la relation entre les deux hommes est encore une fois un élément intéressant du film, qui va à contre-courant des duos classiques que l’on connaissait jusqu'alors au cinéma…
Le passage dans la maison bourgeoise est un peu comme si le spectateur devenait aussi un « coupable » à son tour et violait l’intimité de la jeune femme, s’introduisant chez elle, Kassovitz fait très fort et met le spectateur dans une situation ambiguë et malsaine, la télévision encore une fois provoque chez le jeune Mehdi une amplification de la violence intérieure qui le traverse et d’un éclair, il va s’acharner sur la pauvre femme en vidant son chargeur…
L’issue du film est très nihiliste et ne pardonne rien ni personne, le « diable » et le responsable de tous ces méfaits étant le seul à rester en vie mais Kassovitz clôt son film par une télévision qui s’éteint, comme ultime avertissement au spectateur sur le « DANGER » qu’elle représente…
« Assassin(s) » est l’un des seuls films (avec « Looker » de Michael Crichton, mais ce film n’a rien à voir) qui alerte sur le danger des images de la télévision dans le quotidien des gens et sur l’effet néfaste qu’il produit sur notre inconscient, nous poussant à désirer ou faire des choses, parfois en dehors de ce qui devrait être tolérable…
Epoustouflant dans sa mise en scène, « Assassin(s) » est aussi très mature et Kassovitz donne un coup de pied dans la fourmilière avec un film qui dérange et qui appuie là où ça fait mal…
Les seules réserves à émettre sont sur la séquence du pauvre vieil homme massacré (vers la vingtième minute du film) mais autrement il faut vraiment visionner « Assassin(s) », œuvre très intelligente et douée avec une performance dans le jeu d’acteurs incroyable…
Extrême dans son réalisme, « Assassin(s) » est un chef d’œuvre du film choc qui donne une vision sociétale très pessimiste, on en sort sur les rotules !

Note : 10/10




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