mercredi 24 août 2016

La proie de l'auto-stop de Pasquale Festa Campanile, 1977

LA PROIE DE L’AUTO STOP
de Pasquale Festa Campanile
1977
Italie
avec Franco Nero, Corinne Cléry, David Hess, Monica Zanchi, Joshua Sinclair
104 minutes
Polar rape and revenge
aka Autostop rosso sangue
Edité en DVD chez Artus films
Totalement interdit en France jusqu’en décembre 1981
Synopsis :
Californie, Etats-Unis, dans les années soixante-dix…
Walter Mancini et sa femme, Eve, forment un couple au bord de la séparation, Walter est grivois et alcoolique et Eve vit très mal sa relation avec lui…
Après avoir passé la nuit dans un campement avec des hippies qui bivouaquaient, le couple reprend la route, Eve conduit, Walter s’étant blessé au poignet…
Ils prennent en stop un homme, Adam Konitz, qui avait sa voiture accidentée au bord de la route…
Adam est en réalité un gangster qui vient de dérober la paye d’ouvriers, il y en a pour deux millions de dollars !
Armé, Adam menace Walter et force le couple à faire tout ce qu’il souhaite ; ayant effectué un séjour en hôpital psychiatrique, Adam est en fait un névrosé sexuel aux accès de démences incontrôlables…
Oaks et un autre de ses complices le retrouvent, Adam parvient à se débarrasser d’eux pour conserver seul son butin…
Un soir, il ligote Walter et abuse de sa femme !
Mon avis :
« La proie de l’auto-stop » est un peu le segment intermédiaire entre « La dernière maison sur la gauche » et un road movie, on y retrouve un habitué des rôles de psychopathes violeurs : David Hess, toujours aussi à l’aise, et un couple en délitement incarné par Franco Nero et Corinne Cléry, le moins que l’on puisse dire sur ce film très brutal, c’est que Pasquale Festa Campanile (rien à voir avec la chaine d’hôtels) a mis les coudées franches et la pauvre Corinne Cléry est victime du sexisme barbare aussi bien de son époux que de son agresseur…
Tourné dans des paysages naturels superbes et déserts (aucune voiture ne circule à part celle des héros du film), « La proie de l’auto-stop » est bel et bien un mini rape and revenge puisque le fameux viol n’intervient qu’aux trois quarts du film après de nombreux prémices et tentatives avortés, mais ce qui frappe surtout c’est l’amoralité  des personnages : Walter, journaliste, accepte d’écrire un article sur les forfaits du « monstre » Adam, les jeunes motocyclistes de la fin du film sont des voyous irrespectueux ininsérables dans la société et l’argent semble être la seule et unique motivation de Walter, laissant même sa femme mourir comme un animal blessé qui souffre le martyr…
L’aspect outrancier du cinéma populaire italien des années soixante-dix est donc poussé ici à son summum et il est difficile pour le spectateur de prendre part et plaisir aux exactions des uns et des autres tant tout ceci est proprement répugnant et difficile à digérer, c’est cela qui a valu au film une totale interdiction dans l’hexagone pendant plusieurs années…
Très décomplexé au niveau des séquences de nudité, « La proie de l’auto-stop » tient toutefois en haleine et réserve pléthore de rebondissements qui rendent intéressante la dynamique du scénario, ça va assez vite dans l’action, du coup le spectateur est intrigué et veut savoir la suite ; l’une des répliques finales est assez bien trouvée et désamorce la violence inhérente au film par une touche d’humour…
Déviant dans son fond comme dans sa forme, « La proie de l’auto-stop » contient des fulgurances de folie comme le gunfight en pleine tête du policier, dès le début on comprend que Walter/Franco Nero a une attitude bizarre lorsqu’il vise sa femme à la carabine et cette ambivalence ne le quittera  jamais pendant tout le film, c’est à se demander s’il n’est pas autant cinglé qu’Adam/David Hess !
La belle Corinne Cléry n’a pas eu un rôle facile et elle s’en sort très honorablement, peu d’actrices auraient accepté d’endosser son personnage…
L’édition d’Artus films est, comme toujours, parfaite et surtout le bonus avec l’intervention de David Didelot qui décortique tout le film de manière précise et le place dans le contexte du cinéma d’alors avec une grande rigueur, et très accessible en même temps, bravo à lui !
« La proie de l’auto-stop » est un film à voir si vous êtes fan de rape and revenge mais également si vous appréciez les films extrêmes italiens des seventies, celui-ci rentre dans plusieurs cadres et s’approprie plusieurs codifications, c’est un film multi-genres…
Rien que pour sa rareté et pour l’objet de collection qu’est le DVD d’Artus films, l’achat est obligatoire !

Note : 9/10




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