mardi 16 août 2016

Sans rémission d'Edward James Olmos, 1992

SANS REMISSION
d’Edward James Olmos
1992
Etats-Unis
Avec Edward James Olmos, William Forsythe, Danny de La Paz, Sal Lopez, Pepe Serna, Evelina Fernandez
Polar/film de gangsters/film carcéral
aka American me
125 minutes
Distribué par Universal pictures
Budget : 16 000 000 dollars
Box-office Etats-Unis : un peu plus de 13 000 000 dollars
Présenté au festival de Cannes en 1992
Synopsis :
Los Angeles, banlieue Est, sur une vingtaine d’années entre les années soixante-dix et quatre- vingt-dix…
Montoya Santana est américain d’origine mexicaine, il subit le racisme et la ségrégation et se fait tabasser par des hommes en uniforme ; il finit par être incarcéré pendant dix- huit années à la prison de Folsom où il va devenir un caïd, contrôlant le trafic de cigarettes, il sympathise avec JD, qui deviendra son bras droit, et Mundo, son compagnon de cellule…
La vie en prison est très rude et les gangsters sur place sont contrôlés par d’autres, en liberté…
Le gang de la Primera, celui de Santana, recrute des gangsters dès leur plus jeune âge, parfois juste adolescents…
Il y a des rivalités inter-ethniques entre les blancs, les italiens, les noirs et les latinos, et ces derniers s’entretuent pour la moindre dose d’héroïne !
Sorti de la prison de Folsom, Santana rencontre une femme qui vit seule avec son fils, sa vie prend un tournant temporaire et il pense pouvoir tourner la page…
Un soir, Santana est arrêté suite à un contrôle de police !
Mon avis :
Edward James Olmos est d’abord connu du grand public pour son rôle de supérieur hiérarchique de Don Johnson dans la série « Deux flics à Miami », ici, il choisit de passer devant et derrière la caméra pour réaliser une fresque gigantesque et sur plusieurs années sur la vie d’un gangster chicano aux Etats-Unis, un peu un mélange entre « Colors » et « Le parrain » avec un côté carcéral prégnant qui englobe les trois quarts du film…
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça barde sec !
Non seulement « Sans rémission » est une grande réussite mais également un film ultra violent avec des séquences d’une barbarie innommable (tout y passe, les sodomies forcées, les meurtres crapuleux au couteau, les fusillades et même une immolation dans une cellule hyper réaliste), autant dire que Olmos n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, son film aurait même mérité une interdiction aux mineurs !
Au même titre que « Menace II society », « Colors », « Boyz n’the hood » ou « New Jack city » sortis quasiment à la même période, « Sans rémission » va encore plus loin dans la violence et disons- le clairement, l’horreur !
Certains passages sont insoutenables, le gamin qui meurt d’une overdose sous les yeux de sa mère avec la seringue encore plantée dans le bras, le pauvre gars couteau sous la gorge qui se fait sodomiser (scène reprise plusieurs fois !), mais HEUREUSEMENT toute cette barbarie est désamorcée par une musique douce et apaisante !
Il y a un côté « Docteur Jekyll et Mister Hyde » dans le personnage de Santana et la voix off féminine du début nous le fait bien comprendre ; Santana semble prisonnier de sa situation et parait piégé avec seulement deux alternatives : la prison ou la mort…
Il y a un aspect fataliste, nihiliste même, dans « Sans rémission » et le vice semble se transmettre de générations en générations, passerelle de traitrise, de bains de sang et d’inconscience totale…
Edward James Olmos va encore plus loin que De Palma avec son « Scarface » puisqu’il évite la glorification de son personnage principal, il le filme froidement et avec retenue, Tony Montana passerait presque pour un pitre à côté de lui !
Très bien réalisé, « Sans rémission » est un film aux qualités multiples (bon scénario, solide interprétation, tonicité dans la mise en scène, réalisme sidérant) qui compile les thématiques du film de gangsters mais en évitant les clichés inhérents à ces derniers…
Film électrisant et survolté, on sort de « Sans rémission » hagard et déboussolé avec une impression de s’être pris un uppercut en pleine tête…
Ministère AMER, un groupe de rap français, a même samplé un passage du film sur leur morceau « Autopsie », pour les amateurs, je vous laisse découvrir lequel (indice : une scène dans la cour de la prison)…
Même après vingt-quatre ans, « Sans rémission » n’a rien perdu de la force de son propos et peut être considéré à juste titre comme le « Autant en emporte le vent » du film de  gangsters latino pondu par Hollywood…
Une branlée totale !

Note : 9/10




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